COUP DE DOC !
Cette 6ème édition ne fait pas exception avec des réalisateurs et réalisatrices qui suivent au plus près, parfois au risque de leur vie, des combats où les protagonistes se confrontent à la violence sans répit des oppresseurs. Combat des communautés autochtones en Colombie (Hasta que se apague el sol de Jonas Brander) et au Brésil (This is our everything de Frederick Subei), défenseurs des droits humains en Haïti (Les âmes bossales de François Perlier), mobilisations citoyennes en Guadeloupe (44 jours de Martine Delumeau), les documentaristes viennent aussi nous éclairer sur nos sociétés en explorant l’histoire de la colonisation, notamment celle de nos voisins du Suriname (Mama Sranan de Tessa Leuwsha et The President daughter & the richest freeborn lady de Mildred Roethof) ou encore Haïti (Haïti, la rançon de la liberté, de Gilles Gasser et Michel Reinette).
Dans Sous les feuilles de Florence Lazar, la parole des vivants se mêle aux âmes des esclaves, des plantes et des arbres dans une démarche cathartique, tout comme la création théâtrale (L’oubli tue deux fois, de Pierre Michel Jean) tente de réconcilier les peuples d’un passé sombre qui les sépare. Le documentariste est là pour donner la parole aux invisibles, des orpailleurs clandestins qui tentent le pire pour une vie meilleure (Varado, de Stéphane Corréa et Nicos Argillet), aux oubliés de nos cités fantômes (L’homme vertige, de Malaury Eloi Paisley). Et les âmes des disparus ne sont jamais très loin lorsque la caméra s’en approche (Kaawaii na ana, la levée de deuil de Nicolas Pradal, La sombra de la ceiba de Feguenson Hermogène, Madre nuestra de David Paredes).
Le documentariste sait poser son regard à la bonne hauteur et filmer notre jeunesse sous le bon angle. Avec Kouté Vwa, Maxime-Jean Baptiste nous interroge sur la violence dans notre société guyanaise et le deuil à travers le regard du jeune Melrick, quand Lucia Florez suit celui d’un jeune garçon amérindien dans son voyage vers celui des adultes (Shirimpari, harencia del rio). Dans Madulu the sea man, Akley Olton laisse la parole à Amari, petit-fils d’un chasseur de baleine dans les Grenadines, et Aliha Thalien sait capturer les pensées d’un groupe d’adolescents dans leurs réflexions sur la vie en Martinique (Nos îles).
Des parcours multiples mais toujours le même but : s’émanciper et trouver un sens à la vie par la culture. Que ce soit par la danse (Break in Guyane de Jean Lordereau, Huella de Mosi Espinoza et Justine Berthillo), la musique (From Yana to Jamrock de Jonathan Bruisson, SAS est passé de Chloé Bebronne) ou la peinture et la poterie issues des traditions amérindiennes (Rives croisées de Myriam Bou-Saha, De la terre à la mère d’Anne Pastor), la créativité artistique reste ce qui nous unit et nous aide à surmonter la violence de nos sociétés.
Nous espérons que notre cher public appréciera cette programmation riche et plurielle, tout comme le jury lycéen et notre jury professionnel présidé par la talentueuse réalisatrice haïtienne Gessica Généus.
Frédéric Belleney
Délégué général du FIFAC
Chers festivaliers, chers invités, chers amis,
Chaque année, le Festival International du Film Documentaire Amazonie-Caraïbes (FIFAC) nous invite à explorer la richesse de nos territoires, à ouvrir une fenêtre sur les réalités sociales, culturelles et humaines qui tissent l’identité de l’Amazonie et des Caraïbes. Il est bien plus qu’un festival : il est un lien vivant entre nos cultures, nos histoires et nos espoirs partagés pour un avenir durable.
Le FIFAC, installé dans ce lieu chargé d’histoire qu’est le Camp de la Transportation, résonne comme un puissant écho de nos mémoires communes. Il fait aussi la lumière sur l’urgence de préserver, d’encourager et de valoriser la diversité culturelle et artistique, tout en mobilisant la jeunesse, à qui il offre un espace d’expression et d’engagement.
Cette année encore, la 6ème édition du festival mettra à l’honneur des œuvres documentaires qui questionnent, interpellent et inspirent. Grâce à la contribution d’artistes talentueux et engagés, issus de toutes les rives de l’Amazonie et des Caraïbes, nous sommes invités à réfléchir aux défis sociétaux actuels et à imaginer des réponses collectives.
En écho à ce que disait Léon-Gontran Damas : « Je vous parle de ceux qui ont mille ans d’âge, et dont pourtant je suis né hier. » Ces mots résonnent dans l’engagement du FIFAC à faire connaître nos racines, à honorer les héritages tout en éclairant le présent et en construisant l’avenir avec les jeunes générations.
Saint-Laurent du Maroni, ville de métissages et de créativité, est un cadre idéal pour ces rencontres et ces échanges. Nous tenons à exprimer nos sincères remerciements à France Télévisions, partenaire majeur du FIFAC et à l’association AFIFAC pour son organisation. Nous remercions également les réalisateurs, producteurs, professionnels et bénévoles qui permettent à cet évènement d’exister et de rayonner au-delà de nos frontières.
À travers ce festival, notre ville continue de se faire un nom, non seulement comme carrefour culturel, mais aussi comme lieu de réflexion et de transmission des valeurs qui façonnent nos sociétés contemporaines : solidarité, inclusion, et respect.
Je vous souhaite à tous de vivre une édition riche en émotions et en découvertes. Que ce festival soit à nouveau un moment de partage unique, où les arts documentaires deviennent des vecteurs de cohésion et de transformation.
Bonne édition à tous !
Sophie Charles
Le Festival International du Film documentaire Amazonie-Caraïbes (FIFAC) constitue bien plus qu’une simple rencontre cinématographique ; il incarne notre engagement collectif à placer la culture et le secteur de l’audiovisuel au cœur de notre action.
Depuis six années, ce rendez-vous annuel s’est forgé une renommée solide sur la scène internationale, rassemblant des cinéastes issus de divers horizons au sein de l’historique Camp de la Transportation à Saint-Laurent-du-Maroni. Ce festival met ainsi en lumière la richesse et la diversité des œuvres, reflétant les préoccupations et les récits de nos peuples. Pour cette édition, 37 films sont à l’affiche, dont 12 films guyanais, pour 13 pays et territoires représentés.
Ce festival joue également un rôle clé dans la valorisation de notre territoire. En effet, en attirant des professionnels par-delà nos frontières, nous aspirons à transformer notre région en une véritable terre de tournages, mettant à cette occasion en lumière notre patrimoine naturel et culturel tout en cultivant le vivre-ensemble et en luttant contre les inégalités.
L’accompagnement du FIFAC s’inscrit dans notre politique globale en faveur du secteur de l’audiovisuel. Nous considérons en effet qu’il est important de soutenir les initiatives qui permettent l’émergence et l’épanouissement des talents locaux. Aussi, grâce à la signature de la convention avec le Centre National de la Cinématographie (CNC) pour la période 2023-2025, nous consolidons notre engagement en faveur de la création audiovisuelle. Par ailleurs, la Collectivité Territoriale de Guyane a accompagné 133 projets, au titre de l’aide à l’écriture, du développement et de la production, entre 2019 et 2023, avec un investissement total de 3.753.200 Euros.
Nous poursuivons un idéal ambitieux qui est de parvenir à placer la Guyane sur la carte du paysage cinématographique mondial. Dans l’attente d’y parvenir, ce festival se présente comme une invitation à explorer, apprendre et partager.
Je tiens à exprimer ma sincère gratitude à tous les organisateurs, partenaires et bénévoles qui rendent cet événement possible. Ensemble, continuons à faire du FIFAC un outil de célébration du talent et des héritages culturels. Je souhaite que cette édition 2024 connaisse un immense succès et soit pour chacun de nous une expérience inoubliable.
Gabriel Serville
On nous dit, et voila la vérité…
Que le monde est décati, déboussolé, violent
L’art du cinéma, son et lumière peut-il nous rendre la liberté de cheminer ?
Qui est là ?
Qui regarde qui ?
Tic Tac tic tac
FIFAC
Et voila qu’apparait la nouvelle édition
La sixième
Chaque année c’est une incertitude
Sa fragilité le rend précieux et beau
Le silence autour de la culture est déconcertant
Tic Tac Tic Tac
Nous y sommes, malgré tout
Le documentaire vient caresser des portraits, des lieux
Il nous aide à comprendre le monde
Nous voila à nouveau, tous ensemble sous le manguier, au milieu de l’esplanade
Du camp de la transportation
Pour de nouvelles pérégrinations
Serge Abatucci