Apinti, la pulsation du fleuve
Un ethnomusicologue africain enquête auprès de ses cousins d’Amérique. Il nous fait découvrir la musique et la culture des Boni, noirs marrons de Guyane, Français à part entière.
RÉSUMÉ
Ce film est un voyage initiatique à l’Ouest de la Guyane française. Apollinaire Anakesa, ethnomusicologue originaire de Kinshasa, nous guide à la rencontre des Boni. Leurs ancêtres, fiers noirs marrons, ont eu le courage de gagner leur liberté en combattant les colons hollandais. Dans des villages rudimentaires créés au cœur de la forêt, ils ont refait société, se souvenant de leur terre mère. Leurs pratiques des tambours, chants, danses et traditions rituelles héritées de l’Afrique se sont perpétuées dans l’isolement, de génération en génération.
En quête de ces merveilles méconnues, Apollinaire Anakesa nous guide à la rencontre de ces musiques. Son regard africain les éclaire sous un angle inattendu. Dans toutes les colonies d’Amérique, des rythmes partis d’Afrique ont généré une multitude de formes musicales métisses. Ce sont celles qui dominent aujourd’hui le vocabulaire global des musiques populaires. Un mystère dont nous cherchons les clés chez ce peuple isolé de Guyane.
BIO DES AUTEURS
François Bensignor Journaliste musical depuis la fin des années 1970, ma passion pour les musiques noires trouve un tremplin avec les musiques africaines, dont je deviens un spécialiste. En embrassant le domaine des musiques du monde, je contribue à structurer ses réseaux en France métropolitaine et d’outre-mer. Je tourne à Kinshasa le film documentaire Papa Wemba Fula Ngenge (2000), deviens responsable du Centre d’info des musiques du monde à l’Irma. J’accompagne l’aventure de Mondomix sur Internet et sur papier, puis contribue à son exposition Great Black Music de la Cité de la Musique de Paris (2014). Auteur du film documentaire Au-Delà des Frontières, Stivell (2011), et de la biographie Fela Kuti, le génie de l’Afrobeat (2012), je crée la série d’émissions Les Sons de… pour la chaîne musicale Melody d’Afrique (2017), puis tourne le documentaire Belaï, le voyage de Lélé (La Belle Télé, 2018) sur de jeunes musiciens kanak en Nouvelle-Calédonie. Florent de La Tullaye En 2004, sort le film La danse de Jupiter, une plongée dans les ghettos de Kinshasa à la rencontre de ses innombrables musiciens. En 2008, Victoire Terminus est présenté au Festival du Film de Berlin. Prix Grieson du meilleur film documentaire au Festival BFI de Londres, ce film raconte l’histoire de jeunes boxeuses à Kinshasa. Leurs combats font échos à l’affrontement armé que se livrent au même moment les deux prétendants à la présidence du Congo RDC. En 2010, Benda Bilili ! fait l’ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs. Des trottoirs de Kinshasa au triomphe international, le parcours exceptionnel du groupe de musiciens handicapés du Staff Benda Bilili. De 2011 à 2018, j’ai réalisé des films documentaires pour la télévision : Pygmée Blues ; The Africa Express ; Garden of love ; Le chant des Walés ; Noire Amérique ; Portraits de Touaregs ; Patagonie à la lisière du monde. Je produis des musiciens de Kinshasa: Jupiter & Okwess, Staff Benda Bilili et KOKOKO!BIO DU PRODUCTEUR
Didier Urbain a été journaliste musical, puis journaliste reporter d’image, puis réalisateur de clips, films institutionnels et documentaires, passionné de musique et de numérique, autodidacte, installé en Guyane à Saint-Laurent du Maroni depuis 2004. Puis producteur avec 5° Nord Productions société créée en 2010, travaillant avec France Télévisions, MTV, Public Sénat, TV5 Monde, ATV Guyane… Une dizaine de films TV, réalisés ou produits ou coproduits, le plus emblématique : Botoman, métier piroguier (2015) avec Guyane La 1ère.
Agitateur et militant pour le développement et la structuration de la filière audiovisuelle dans les Outre-mer. Organise des résidences d’écriture documentaire avec DocMonde, des formations de techniciens et des rencontres professionnelles à l’échelle Amazonie-Caraïbe. On lui doit un peu, beaucoup, le Fifac !-)
Dernière « victoire » : Untɨ, les origines (2019) de Christophe Yanuwana Pierre, un jeune de Saint-Laurent accompagné depuis des années, aujourd’hui Prix Découverte audiovisuelle de la Scam 2020, dont le documentaire est vu aux 4 coins du monde.
NOTE D’INTENTION
Apollinaire Anakesa incarne à l’écran le guide, le passeur et le narrateur. C’est à travers lui et avec lui que nous découvrons le monde des Boni. Personnage atypique, il nous permet de porter un regard atypique sur leur culture. Bien que nous apportons à ce film une structure, un œil, un souffle et une façon de faire, Apollinaire vient incarner, révéler et enrichir un regard plus décentré — « le Sud regarde le Sud », — par rapport à ce qui se fait souvent dans les productions du Nord.
Le statut d’Apollinaire change au long du film. Sa présence a quelque chose de symbolique pour les Boni. Ils ne manquent pas de lui poser des questions sur cette Afrique qui vit en eux mais sur laquelle ils n’ont jamais posée un pied. Sa présence vient renforcer les liens familiaux distendus par l’histoire. Il est accueilli comme le grand frère qui manquait tant aux réunions familiales. Si la personnalité d’Apollinaire et son histoire personnelle se dessinent en filigrane le long du film, c’est avant tout un film sur les liens éternels qu’entretiennent les Boni avec leurs racines africaines.
Considéré sur le temps long, le processus de recréation culturelle au sein des sociétés d’origine africaine déplacées dans le “Nouveau monde” s’impose comme une énigme féconde. Il apparaît comme le ferment du complet renouvellement de l’expression des musiques populaires telles qu’elles dominent aujourd’hui la scène artistique globalisée. En l’espace de quatre siècles, la lente digestion de l’histoire culturelle mondiale a produit des effets jamais imaginés. Une population déshumanisée puis déplacée, démunie de tout bien propre, privée de sa liberté et de son libre arbitre durant deux siècles et demi, a su générer l’expression artistique la plus universellement adoptée par la société humaine contemporaine mondialisée.
Ce phénomène, commun à toute la sphère géographique où s’imposa le système de l’économie triangulaire, a produit des musiques d’une incroyable force créative. Cette même force créative, nous la débusquerons dans le laboratoire qu’est la société des Boni, demeurée si longtemps à l’écart des influences extérieures.
SYNOPSIS
Issu d’un quartier populaire de Kinshasa au Congo, l’ethnomusicologue Apollinaire Anakesa a étudié pendant sept ans la communauté des Boni à l’Ouest de la Guyane. Invité par son ami Jean Moomou à venir prendre part à une cérémonie de levée de deuil, le Puu Baaka, il se rend dans la région isolée de Papaïchton sur le Haut Maroni.
Apollinaire embarque à bord d’une pirogue à moteur pour une longue remontée du fleuve Maroni jusqu’au cœur de la forêt amazonienne. Au court de ce voyage chez les Boni, Apollinaire est envahi d’un trouble récurrent. Des images rémanentes s’imposent à lui, l’impression de se retrouver au Congo, son pays.
Le voyageur enquête auprès des Boni, recueille la musique, les paroles des anciens, les danses, les contes, tout ce qui a construit cette petite société issue du marronage. Il reconnaît cette relation aux corps emportés par la transe. Africain, il sait tous ces moments propices à communiquer avec l’univers supra-humain qui échappe à la pensée occidentale.
Apollinaire est en quête de réponses à son interrogation majeure : « Si ces noirs partis d’Afrique dans la terrible réalité de l’esclavage sont parvenus à maintenir en Amérique tant de pratiques de leurs ancêtres, comment l’ont-ils gardé ? Qu’est-ce qui s’est transmis ? Qu’est-ce qui s’est transformé ? Comment ces éléments structurent-ils encore la société des Boni ? Comment l’Afrique d’autrefois a-t-elle pu renaître au cœur de l’Amazonie, loin de toutes influences modernes ? »
Autant d’énigmes qui guident le voyageur.
Elles résonnent en écho entre deux continents, ses rythmes traversant l’onde de l’océan.
Elles tissent le devenir d’un monde séculaire, encore trop ignoré des Histoires officielles.
Elles gravent de leur emprunte les relations entre des sociétés marquées par l’héritage du passé, qui cohabitent sur les territoires partagés de la Guyane contemporaine.
Tandis qu’Apollinaire enquête, enrichissant ses connaissances et son concept de « dire musicale », les anciens de la communauté Boni voient en lui le lien perdu avec leurs origines et se posent des questions quant à leur avenir. Dans ce paradis des orpailleurs, sur lequel les sectes évangélistes ont jeté leur dévolu néfaste, les jeunes générations tournent le dos aux traditions, mettant la cohésion de la communauté à l’épreuve de sa possible dislocation.
BENSIGNOR François & DE LA TULLAYE Florent
France
Durée prévue : 52 min
• ÉTAPES DE PRODUCTIONS
En écriture
• DATES DE TOURNAGE PRÉVUES
Juillet 2021
• AIDES ÉVENTUELLES
Obtenue : Collectivité Territoriale de Guyane
Sollicitée : Ministère de la Culture, films documentaires en anthropologie visuelle et sur le patrimoine culturel immatériel en France
• PRODUCTION ENGAGÉE
5° Nord (Guyane)
• RECHERCHE QUOI ?
Des diffuseurs
• LANGUES PARLÉES
français, anglais
QUAND ?
MERCREDI 07/10/2020
• De 9h à 13h (heure de Guyane)
• De 14h à 18h (heure de Paris)