La Fifac Newsletter #3

La Newsletter du FIFAC 3

La Fifac Newsletter #3

Tous les jours, découvrez la newsletter du FIFAC. Pour la troisième journée, le portrait d’Éric Scherer, Directeur de l’Information et de la Prospective du groupe France Télévisions​, le programme de la journée et de demain et l’interview de Doc Seven, Youtubeur de renom Saint-Laurentais.

Téléchargez le PDF complet de notre newsletter en bas de la page et bonne lecture !

Edito

Nous n’en attendions pas moins. L’émulation du FIFAC a touché l’équipe des rédactions du «pôle média» mis en place pour le festival. Deux équipes : une, axée sur le contenu numérique avec 6 étudiants encadrés de quatre adultes formateurs. Prises de vues et montage font partie de leur quotidien. Une autre en version «papier» avec à son service 6 lycéennes et un lycéen encadrés par deux adultes formatrices. Préparation d’interviews, écriture journalistique sont aussi devenues leur quotidien.

L’énergie est le vecteur de cette aventure. A l’instar du FIFAC, nous sommes à l’écoute, nous transmettons et nous portons des paroles. Nous formons, nous tentons d’apprendre les uns des autres, nous nous apprivoisons. Nous vivons des moments riches de choix et d’arbitrage. Nous vivons au rythme du festival : intensément. Quel plaisir de nous découvrir tour à tour force de proposition. C’est une merveilleuse aventure humaine, à laquelle vous participez vous aussi, chaque jour, en lisant les pages de cette Newsletter. Nous sommes déjà mercredi, la moitié du festival, que cette quête de l’épanouissement continue de nous habiter.

MD

Le portrait du jour : Eric Scherer

Directeur de l’Information et de la Prospective du groupe France Télévisions, Éric Scherer est l’un de nos nombreux invités sur ce festival ici à Saint- Laurent du Maroni. Nous l’interrogeons aujourd’hui sur son rôle au sein du FIFAC ainsi que sur ses ambitions concernant la « Télévision de demain ».

FNL : Vous êtes le directeur de l’Information et de la Prospective du groupe France Télévisions, pouvez-vous, en quelques mots, nous résumer en quoi consiste ce poste ?

Mon travail, c’est de faire l’antibrouillard, c’est-à-dire essayer d’éclairer devant nous ce qui se passe dans le monde d’une télévision bouleversée par la Révolution Numérique. Après la musique et la presse, c’est désormais au tour de la télévision et de la radio d’être chahutées par ce progrès. Voilà ainsi la première partie de mon travail : anticiper, analyser et avertir de ce qui se passe dans ce monde d’audiovisuel récemment chamboulé. La deuxième partie de mon travail consiste à tester et expérimenter des formats différents pour de nouvelles expériences. Ces derniers reposent sur des éléments portant sur le sport, la culture, le fictif, le divertissement mais aussi sur les nouvelles technologies. Comme actif principal, nous avons l’information vérifiée, sourcée, analysée, décryptée, hiérarchisée dans un contexte où la désinformation, la propagande même, est en train d’envahir la totalité d’Internet. J’appartiens donc aujourd’hui à deux directions : celle de l’Information puisque le journalisme est toujours ma profession première ; et celle du Numérique. La « Télévision de Papa » est un concept consistant à attendre un programme à une heure fixe et se voir imposer les programmes suivants. On remarque qu’il existe un vocabulaire lié à ce dernier, qui repose sur le champ lexical du bagne : on parle alors de « chaînes » de télévision ainsi que de « grilles » de programmes. Vous voyez bien que ce n’est pas une référence à la liberté, contrairement au Numérique qui la permet. Il ne s’agit donc plus d’être soumis à un programme, mais de consommer à la demande. Ce format nous laisse la possibilité de créer une playlist de contenus vidéo qui plaisent dans tous les domaines possibles. Le choix vous revient ainsi.

FNL : Quel est votre rôle ici, au sein du FIFAC ?

Ma présence dans ce festival se justifie par deux choses : d’abord pour essayer de mieux comprendre, voire apprendre comment fonctionne la Guyane et plus précisément « Le

 

Fleuve ». Il est question de partager, d’échanger avec les professionnels de l’audiovisuel et du documentaire, afin qu’ils soient conscients des nouvelles tendances des citoyens. Je cherche également à analyser les défis de la télévision qui se dessinent sur ce territoire.

FNL : Quel est votre ressenti au sujet de la capacité des « autochtones » à refléter leur identité culturelle dans les médias ?

Après les séries, le documentaire, également nommé « L’âge d’Or », est le genre majeur de la télévision. Il bénéficie d’une multitude d’opportunités pour s’imposer et séduire le paysage de l’audiovisuel. La population de notre génération est moins enclin à lire les journaux, mais sont tout de même curieux de visionner des productions qui ont été méticuleusement analysées et développées sur un temps plus long. Les sujets sérieux de société, qu’ils soient historiques ou scientifiques, sont un genre qui a un énorme avenir devant lui. Ils dominent les plateformes telles que Netflix, Amazon Prime, Disney, Facebook ou encore Apple TV.

FNL : Vous êtes aujourd’hui encore journaliste, et avez donc sûrement beaucoup voyagé. En quoi cette expérience vous permet-elle d’avoir une vision d’ensemble sur la prospective de France Télévisions ?

J’ai beaucoup de chance d’avoir eu la possibilité de travailler à l’étranger, mais surtout au sein de l’AFP, l’un des principaux grossistes de l’Information. Cette expatriation dans les agences de presse à Tokyo, Washington et Londres, m’a permis de voir l’importance de la Révolution Numérique, d’acquérir à la fois une avance sur notre temps en Europe et surtout de réaliser l’influence qu’elle possède sur les domaines de la médecine, de l’éducation ou encore de la défense.

FNL : Quel serait, pour vous, l’idéal médiatique de demain ?

Mon utopie pour l’avenir médiatique serait d’offrir l’opportunité à nos spectateurs de participer à une proximité plus importante que celle d’avant. C’est un but que l’on arrive à atteindre à la radio, sur Internet, mais beaucoup moins à la télévision, et j’espère le voir se réaliser un jour.

Propos recueillis par LaurieAnne Antoine et Honorine Huvelle

L’engagement

Bruno Florentin, producteur dans la société Real Production est à Saint-Laurent du Maroni, pour le Fifac et les rencontres Doc Amazonie-Caraïbes mais aussi pour suivre de près son « poulain » le réalisateur Christophe Yanuwana Pierre.

Rencontre avec un homme de goût, sensible, qui nous dévoile ici une approche de son travail.

Comment définirais-tu la ligne éditoriale de ta structure de production ?

On essaie de placer l’homme au centre d’une société en plein mouvement. On fait des films qui vont traiter d’histoire, on aime l’histoire et parfois hélas, il faut la refléter. On s’aperçoit que des phénomènes fâcheux de notre histoire peuvent tout à fait se renouveler alors, il faut répéter les choses, on participe à l’Histoire. Autrement, on fait beaucoup de films sur l’environnement, là aussi il faut répéter les choses. Montrer les initiatives, pas seulement alarmer mais montrer. On parle aussi de société, des « hommes ». On fait aussi quelques films qui ont trait à l’art, des portraits d’artistes, sur le cirque, des musiciens, des chanteurs, des auteurs, on travaille actuellement avec un artiste de théâtre… C’est assez varié… C’est comme un coup de coeur. Moi au début, si j’ai fait des films, c’était pour parler, très naïvement sur les droits de l’homme, je pensais que chaque film pouvait changer les choses…

Je rebondis sur « chaque film pouvait changer les choses… » Ce matin tu évoquais le travail d’écriture et d’accompagnement. Et j’ai remarqué que tu apportes une attention très particulière à certains auteurs, comme Christophe Yanuwana Pierre, peut être y en a t-il d’autres ? Sur cette préparation, ce travail d’écriture, qu’est ce qui détermine que tu vas aider plutôt tel auteur qu’un autre dans son travail qui amène, comme tu le dis, à la liberté ?

Le travail d’écriture est effectivement fondamental, c’est ce qui prend le plus de temps, je crois. C’est ce qu’oublient souvent les chaines et les financeurs. Faire un enfant c’est 9 mois mais faire un film demande un long travail d’écriture. Pour bien développer le travail et aller jusqu’au bout. Ce n’est pas écrire un dossier, c’est déjà imaginer un futur film donc c’est peut être une contrainte au début, oui…mais quelle liberté après. A partir de là on peut faire des choix, on peut faire autre chose. Entre un dossier et un film il y a un pas car il y a plein de choses qui vont se faire et plein d’autres qui ne vont pas se faire. Il faut rester ouvert mais au moins cela permet d’avoir une ligne narrative, d’avoir un fil directeur et de savoir où on va. Et ces dossiers, souvent, quand on est en montage et que l’on a des blocages, moi je leur dit : « Je sais ce qui ne va pas dans votre film et en plus c’est vous qui l’avez écrit, revoyez le dossier » la plupart du temps, ça débloque le travail. C’est donc un document de travail qui permet d’avoir la liberté de bouger, de retrouver… c’est un guide.

« C’est un guide », c’est joli. Je me demande si toi aussi, finalement tu n’es pas un peu un guide, un accompagnateur ?

Comme je le disais tout à l’heure, c’est un peu ce pourquoi je me suis lancé naivement dans le documentaire, pour les droits de l’homme. Sur ce projet, comme j’ai rencontré Christophe Pierre, c’est une ouverture et je me suis dit peut être, enfin, j’allais commencer à faire un film sur les droits de l’homme, comme j’en rêvais depuis longtemps. J’ai été séduit par son charisme, je voyais des images dans ses paroles, des rêves, des émotions, et je me suis dit : « J’ai 61 ans, je ne vais peut être pas faire de films durant 10 ans mais celui là je veux le faire. Il faut aller jusqu’au bout de ce film*.

Pour conclure, quel est ton regard et ton attente par rapport au FIFAC ?

J’avoue que j’étais là l’an dernier lorsque la décision s’est prise. Encore « une vision », un rêve aussi. Quand Didier Urbain a fait cette proposition auprès des personnes de France Télévisions et que Wallace Koltra a donné son assentiment, Je me suis dit : « À Saint-Laurent du Maroni, comment vont-il faire ? C’était un sacré challenge et quand j’ai reçu le programme, quand je vois au quotidien, ce qui se passe ici, c’est juste génial !

Et puis, c’est surtout intelligent. J’ai bien aimé le discours d’ouverture de Patrick Chamoiseau sur cette expression : « Nous incitons les Caribéens à s’émanciper, juste à s’émanciper, c’est un pays mais émancipons-nous, on a notre culture ». Alors je trouve que ce festival est en parfaite adéquation avec ce discours ou ce discours est en parfaite adéquation avec ce festival. Dans tous les cas l’un va bien avec l’autre.

Propos recueillis par Marianne Doullay.

« Si tu as quelque chose à raconter, il y aura des gens pour t’écouter »

William Van de Walle, dit Doc Seven, né le 31 mai 1991 à Saint Laurent du Maroni en Guyane, est un réalisateur, scénariste puis vidéaste éducatif franco-belge sur la plateforme de vidéos YouTube où il a plus de 1.9 million d’abonnés.

FNL : En quelques mots, pouvez-vous nous raconter votre parcours ?

D.S : Je suis né à Saint Laurent du Maroni, j’y suis resté jusqu’à mon année de première au lycée, j’ai fait ma terminale en Australie, j’avais 15 ans. Ensuite après un peu de biologie, j’ai fait 5 ans de cinéma à Paris. Puis des stages sur des films et séries car à la base je voulais être réalisateur sauf que c’est trop « chiant » sur le plateau. J’ai rencontré quelqu’un qui possédait une chaine YouTube et je me suis dit que j’allais tester et puis ça a marché. Je me suis lancé sur YouTube le 21 janvier 2015 et ça a explosé.

FNL : A qui sont adressées vos vidéos et pourquoi ?

D.S : A tout le monde, l’écrasante majorité de mon audience représente 70% de personnes âgés de 18 à 35 ans. Et les moins de 18 ans représentent 15%. Ce n’est pas pour apprendre des choses, c’est pour montrer que l’on peut être curieux sur plein de sujets, pour donner envie de s’intéresser à n’importe quoi. Donc peu importe l’âge ça peut fonctionner pour n’importe qui.

FNL : que pensez-vous du FIFAC à Saint-Laurent du Maroni ?

D.S :C’est trop bien, le FIFAC à Saint- Laurent c’est le meilleur endroit pour ça en Guyane, ça c’est sûr ! Et je pense que c’est surtout très cool pour les jeunes parce que ça peut les motiver un petit peu. Je pense que ça va les inciter à créer des choses. Maintenant on a les téléphones c’est une révolution, si tu as quelque chose à dire tu prends ton téléphone et tu le dis. Donc le FIFAC à Saint-Laurent il faut que ça engage les jeunes à mettre leur vision sur le monde et dire ce qu’ils ont à dire, il y a tellement de thèmes à faire ici.

Manaée Pancrate-Brunel

Pricella Pinas

Les Outre-Mer à France Télévisions

Grande première hier à Saint-Laurent du Maroni, le Fifac réunissait les producteurs et opérateurs d’Outre-Mer avec leurs principaux interlocuteurs de France Télévisions. La perspective de la disparition en août 2020 de France Ô, chaîne dédiée, impose une nouvelle organisation des programmes de la télévision publique. Dorénavant, les chaînes publiques ont pour mission de rendre plus “visibles” les territoires et communautés d’Outre-Mer dans leur offre généraliste. Pour ce faire, un changement de regard sur la production ultramarine apparaît nécessaire : moins de condescendance, un meilleur accompagnement des projets…

Originaire de Nouvelle-Calédonie, Walles Kotra, le directeur du Pôle Outre-Mer-France Hexagonale de France Télévisions, veut croire en la stratégie définie dans le “Pacte pour la visibilité des Outre-Mer”. Un pacte en trois volets : inciter les chaînes publiques à un “réflexe outre-mer” ; leur proposer des programmes dédiés et financés ; renforcer le soutien à la production des chaînes du réseau ultramarin des Premières. Certes, les intentions affichées doivent favoriser la production ultramarine, mais la disparition d’un système de relations établi avec l’ancien diffuseur France Ô, fait apparaître des zones de flou.

Le chantier de la réorganisation en cours laisse sans réponse certaines questions soulevées par les représentantes du Syndicat de la production audiovisuelle et cinématographique des Outre-Mer (Spacom). Quid de la plateforme numérique, qui doit être mise en place début 2020 ? Comment seront répartis les 10 millions d’Euros consacrés au co-financement entre les Premières et les chaînes nationales ? Quand Walles Kotra parle d’une “phase de lissage”, Laurent Corteel, directeur des contenus, évoque la nouvelle unité de programme chargée des Outre-Mer. Mais Catherine Alvaresse et Béatrice Nivois, respectivement directrices de l’unité documentaire, et des documentaires & magazines, incitent vivement les producteurs présents à soumettre des projets qui racontent des histoires avec un oeil nouveau, une écriture nouvelle, basés du point de vue des Outre-Mer.

François Bensignor

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