NEWSLETTER 2019

Tous les jours, découvrez la newsletter du FIFAC. C’est déjà la fin… Cinquième journée, le portrait de Patrick Chamoiseau, Président du Jury du FIFAC, le programme de la journée et l’interview de Christophe Yanuwana Pierre, réalisateur Kali’na.

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Edito

A la veille du palmarès, les premiers bilans commencent à circuler dans les coursives du bagne. Nous atteindrons sans doute, au bas mot les 2500 personnes en fréquentation publique, sur la semaine. Nous avons accueilli environ 180 professionnels, qu’ils soient diffuseurs, producteurs, réalisateurs, artistes, journalistes, sans compter les représentants officiels de nombreux pays de la zone Amazonie-Caraïbe. N’oublions pas non plus l’incroyable participation des lycéens et collégiens qui sont aussi venus ponctuellement participer à l’événement. A première vue, cette édition est d’ores et déjà un succès.

Ce soir nous avons rendez-vous sous le manguier pour découvrir le film en écran parallèle Césaire contre Aragon, réalisé par Guy Deslauriers, écrit par Patrick Chamoiseau. Sans aucun doute, un pur moment de poésie.

Samedi 19 octobre, nous publierons un premier bilan « à chaud » du festival mais aussi le palmarès dans son intégralité. Nous inviterons les jurés à nous livrer leurs intimes convictions, celles qui ont permis de délivrer l’ensemble des prix.

Nous vous souhaitons une belle journée, et une belle soirée. Guyane la 1ère sera là pour une retransmission en direct.

Regardons, et n’oublions pas de penser.

MD

Le portrait du jour : Patrick Chamoiseau

Ecrivain français originaire de Martinique, Patrick Chamoiseau est auteur de romans, de contes, d’essais, un théoricien de la créolité. Il est présent cette semaine au FIFAC en tant que président du jury du Grand prix du festival.

FNL : En tant qu’écrivain, qu’avez-vous envie de transmettre aux jeunes générations ?

PC : Un écrivain c’est un artiste qui dispose d’une sensibilité particulière que l’on peut appeler une esthétique. C’est une conception du beau qu’il développe, dans sa pratique. L’esthétique est importante parce qu’elle nous permet d’échapper au prosaïque de l’existence et surtout aux laideurs, aux horreurs, aux pauvretés, aux insuffisances, à la simplification. Chaque fois qu’il y a un surgissement de beauté on a une sorte de révélation d’une partie du réel qui est beaucoup plus profonde, beaucoup plus invisible et beaucoup plus éclatée. Quand le réel est perçu avec beaucoup plus d’amplitude l’imaginaire s’amplifie. L’artiste ne transmet pas une vérité mais une expérience au monde.

FNL : De l’écriture aux images, comment un événement comme le Fifac peut favoriser l’émancipation et la reconnaissance des peuples ?

L’homo sapien, vivait dans un écosystème naturel. Toutes les cultures des amérindiens, des bushinengues, tous les peuples que l’on peut appeler les peuples premiers vivaient dans un écosystème nature. C’est avec ça que toutes les civilisations de la planète se sont constituées. Puis s’est déployé un autre système qui est l’écosystème urbain. Vous êtes les enfants de la ville, vos modes de connaissance sont des mode de connaissance urbaine.

Il y a un troisième écosystème qui apparaît c’est celui du numérique qui est en train de se développer et de tout avaler. La chose la plus puissante dans ce système numérique c’est l’image. La suprématie du mode de vie américain, vient très largement du cinéma 

américain (…). L’image est importante, si dans ce flux d’images numériques, la Guyane, les peuples comme les nôtres n’ont pas d’images, n’ont pas de cinéma, ne produisent pas leur propre image, ils vont consommer les images des autres, ils vont dessécher leur imaginaire, l’aliéner. Il faut que nous puissions habiter les systèmes numériques et il y a plusieurs manières de les habiter. Cela me paraît essentiel que l’on puisse développer, ici à SLM, à Cayenne, à Fort de France (…) des écoles de cinéma pour exprimer l’expression de nous-mêmes à travers et avec les images.

Le FIFAC permet d’amplifier la créativité et l’imaginaire ce qui déclenche un processus d’épanouissement individuel et collectif. C’est pourquoi un festival comme celui là est primordial à mes yeux.

FNL : Sans dévoiler quoi que ce soit à propos de la sélection du festival et des films en compétition. En tant que Président du jury, pouvez-vous nous donner une perception de l’ensemble de la programmation. Quelle suite vous envisagez après ça ?

C’est une programmation formidable. Le documentaire qui correspond à mon esthétique, est celui qui va traiter de l’état du monde et de ses grandes problèmatiques, on retrouve ça dans tous les documentaires présents ici. Il y a cependant 2 pôles : le reportage où l’on transmet les informations et il y a l’oeuvre d’art qui ne va pas donner de discours pédagogique, ni d’explication un peu littérale. L’oeuvre d’art va faire vivre une situation dans sa complexité. A la fois une situation collective, le peuple, le monde et une situation personnelle, un individu dans sa matière la plus profonde, dans son humanité. Quelque chose qui témoigne de l’humaine condition. Lorsqu’un documentaire arrive à faire tout cela et à passer de l’information en même temps on a une oeuvre d’art. Cela résume le travail du jury : nous cherchons l‘oeuvre d’art.

Manaée Pancrate-Brunel, Pricella Pinas assistées de Nicole Bargigli et Marianne Doullay

Le pouvoir des images

Christophe Yanuwana Pierre se lance pour la première fois dans la réalisation de documentaires et décide à travers « UNt les origines » de nous faire redécouvrir l’univers autochtone, au-delà des généralités. De manière ambitieuse, il ancre son témoignage dans les mémoires en se livrant sur la culture Kali’na et la signification que détient son film pour son peuple et son village.

FNL : Vous racontez, à travers ce documentaire, votre propre histoire. Quelle a été la raison de ce choix ?

CYP : C’est comme ça que l’on raconte des histoires chez nous, on part toujours d’un point de vue qui est le sien puisque l’on se trouve à un endroit du monde et notre regard est incapable de couvrir toute une surface. Ça vient d’un ressenti également, personnel et individuel mais aussi apte à s’adapter à un jeune faisant parti d’une communauté. Mais d’une certaine manière, ma réalisation avait besoin que j’en sois une partie intégrante.

FNL : Pensez-vous que tous les amérindiens s’y identifieront ?

CYP : Il y a plusieurs choses, dont deux primordiales, qui me permettent de l’affirmer : le fait que le film soit complètement en langue kali’na, ce qui a énormément plu aux anciens car pour la première fois ils arrivaient à en comprendre le contenu du début jusqu’à la fin. Beaucoup écrivent sur nous sans prendre en compte l’essentiel : nos aînés ne savent pas lire. C’est ce qui rend ce côté-là du cinéma intéressant : l’art d’utiliser le son et l’image dans le but de ressentir des émotions, raconter une histoire. Il y a des jeunes amérindiens qui ne sont pas forcément sensibles à la culture et qui arrivent à s’y identifier malgré tout parce qu’ici, le regard anthropologique n’y a pas sa place. En parlant de moi, je crée une individualité qui possède tout de même une trace d’universalité. On est tous confrontés, à un moment donné, à la perte d’un proche que l’on aime et nos différentes perspectives de la mort, du deuil, du suicide voire de la renaissance, sont un moyen de se reconstruire.

FNL : Quels messages cherchez-vous à faire passer à propos des autochtones ?

CYP : Réaliser un film est déjà un geste politique en soi. Aujourd’hui, s’emparer d’une caméra, d’un ordinateur, d’un micro et tenter de faire vivre une réalité ou un rêve, c’est ancrer la vision amérindienne du monde, qui pour l’instant est inexistante. Puis dans le contenu, je cherche à pousser au questionnement : comment on se reconstruit ? Qui sommes-nous ? Comment sommes-nous arrivés là ? Qu’avons-nous envie de faire ? Et finalement, ce documentaire, qui m’a pris plusieurs années, ne véhicule réellement ni réponse ni message. J’offre juste une introspection et un réconfort qui consiste à dire que la quête de soi est un cheminement normal mais aussi indispensable.

FNL : Nous savons que votre but premier était de raviver les traditions de la culture amérindienne. Qu’en est-il cependant de l’effet souhaité sur les autres cultures ?

CYP : J’ai eu l’occasion de présenter « Unt » à de nombreux endroits, tels que l’Encre, Mana et plusieurs villages qui regroupaient des élèves de différentes origines. C’est à travers l’univers que nous avons créé avec l’équipe de tournage, que l’on a réussi à imposer notre point de vue avec le choix des images, la lenteur des plans, la musique mais surtout le silence. Contrairement aux films de notre époque, nous avons décidé de dénuer le générique final de son, afin de pousser les spectateurs à être dans le recueillement et la réflexion. En Guyane, nous avons l’habitude de confondre le reportage et le documentaire, mais dans ce cadre-là, c’est bel et bien de l’information, du vécu : il s’agit d’aborder le sujet du mal-être de l’amérindien à travers le mien. Puis j’invite également la population guyanaise, en tout cas la jeunesse, à raconter elle-même ses propres réalités sans s’handicaper. Car jusqu’à présent, ce sont les autres qui écrivent à notre sujet, alors pourquoi ne pas chercher à le faire de notre plein gré puis élargir notre projet à des cultures extérieures ? Ce serait même intéressant, par exemple, de montrer aux enfants guyanais comment les enfants métropolitains se rendent à l’école. Enfin, il faut chercher à rééquilibrer les généralités que l’on peut avoir les uns aux autres, car si l’image de ta personne est produite par l’autre, ce dernier ne t’impose-t-il pas ce que tu dois être ?

FNL : Votre production pourrait-elle être un outil contre le projet de Montagne d’Or ?

CYP : Pas intentionnellement, mais c’est possible qu’elle l’ait été. Cependant, ce qui est certain, c’est que ce documentaire est une manière de prouver que notre avis n’a pas moins de valeur. Dans le cadre du projet « Montagne d’Or », ils n’ont pas cessé de mettre en avant les avantages que ce dernier aurait dans le domaine du travail en pensant que cela nous conviendrait. Ce qui n’était évidemment pas le cas. Notre priorité reste l’eau car c’est un besoin vital peu importe l’endroit d’où nous venons. Leur donner notre autorisation reviendrait à leur laisser détruire ce que l’on a de plus cher.

Propos recueillis par LaurieAnne Antoine et Honorine Huvelle

Le FIFAC : public et lycéens favorables à une 2ème édition ?

De nombreux professionnels et visiteurs ont été conviés au festival international du film documentaire Amazonie-Caraïbes durant ces cinq derniers jours. Afin de leur faire découvrir l’univers du cinéma et de l’audiovisuel, le camp de la Transportation de Saint-Laurent du Maroni les a accueillis, avec, au programme, diverses projections et conférences. Nous avons décidé de nous intéresser particulièrement au ressenti du public et des lycéens, qui font également partie intégrante de l’évènement.

Permettant à la fois une initiation à l’utilisation des médias, ainsi qu’un approfondissement de la connaissance de l’Amazonie-Caraïbe ; le FIFAC représente une grande opportunité pour les professionnels comme pour les amateurs de cinéma. Les élèves des lycées de Mana et Rémire-Montjoly, présents tout au long de la semaine sur le camp, désigneront le Prix des lycéens ce soir.

Chacun s’attendait à un emploi du temps très chargé dès le premier jour avec un foisonnement de public et de professionnels. Ce n’est qu’au fil des jours que l’ambiance s’est enfin dévoilée. Ils sont aujourd’hui reconnaissants envers les organisateurs du FIFAC qui leur ont permis de vivre cette expérience, en rencontrant divers professionnels du métier et les laissant ainsi découvrir le milieu du cinéma. « Je sais maintenant comment le monde de l’évènementiel lié à celui du cinéma fonctionne et pour un premier festival, c’était génial. Je pense que c’est une bonne expérience à vivre» dit Léa Brodin, élève du lycée Lama-Prévot.

Le public s’attendait à trouver plus d’interaction entre amateurs et professionnels. Certains proposant même des idées d’animation entre chaque projection telles que des jeux ou des concours de réalisation de court-métrage au sein du camp, afin de rendre le FIFAC plus interactif.

Un public très éclectique : amateurs de cinéma, touristes en visite sur le territoire, journalistes et locaux. Principalement informés par le bouche à oreille et les affiches recouvrant la ville de Saint-Laurent, de nombreuses personnes se sont rassemblées ici en espérant trouver une ambiance conviviale et des projections en plein air réussies. Les avis de chacun à l’endroit du FIFAC divergent : certains, bien que le concept international leur ait énormément plu, recherchaient ici davantage de documentaires mettant en avant le territoire de la Guyane.

D’autres pensaient trouver une meilleure infrastructure d’accueil (les toilettes) et auraient apprécié plus de projections dans les cases. Ils sont néanmoins enchantés d’être venus assister au festival dès son inauguration et trouvent que la volonté d’initier des étudiants à découvrir ce milieu est très intéressante.

Les lycéens de Mana et Rémire-Montjoly, qui sont respectivement en option facultative et spécialité cinéma audiovisuel, sont très heureux d’avoir acquis des connaissances et un savoir-faire tout au long de la semaine. Ceux qui envisagent dès aujourd’hui une carrière dans le cinéma ou le journalisme, voient cet évènement comme une opportunité de découvrir le fonctionnement des différents métiers qu’ils n’avaient, pour la plupart, jamais eu l’occasion d’expérimenter.

Malgré des opinions variées, tous se rejoignent pour témoigner du succès du festival et espèrent le voir retrouver sa place ici, en Guyane, dans les années à venir.

Honorine Huvelle et LaurieAnne Antoine

Spears from all sides, une suite ?

Présent pour la projection qui s’est déroulé jeudi dans l’après-midi, le réalisateur Christopher Walker nous a présenté un des films documentaires en compétition au FIFAC.

De 1964 à 1992, la société Américaine Texaco exploite les ressources pétrolières du Nord Est de l’Équateur et crée de graves conséquences dans la forêt Amazonienne primordiale pour la tribu des Huaorani. Ces épisodes engendreront la « révolte » de ce peuple qui intentera un procès à la société pétrolière. A cette époque Christopher Walker réalise un reportage « Colifichets et Verroteries » pour la NBC à New York tourné pendant trois ans. Vingt-trois ans plus tard sort le documentaire Spears From All Sides filmé durant quatre ans. De nombreuses années séparent ces deux documentaires qui traitent tous les deux du même sujet. Sur le conseil de quelques personnes, Christophe Walker se rend en Equateur afin de rencontrer les Huaorani et fait la connaissance de Moï un jeune Huaoroni engagé dans la lutte contre l’exploitation pétrolière. Tourné sans l’accord du gouvernement et étant harcelé par les militaires Equatorien Christopher Walker a tout de même eu le soutien des Huaorani. Le but de ce documentaire est qu’il soit vu par le maximum de personnes et d’en apprendre un peu plus sur l’histoire de cette tribu. Christopher Walker aimerait bien dans le « futur » créer une suite de Spears from all sides.

Christine Charleset Molie Rafalskie

Tous les jours, découvrez la newsletter du FIFAC. Pour la quatrième journée, le portrait de Vanina Lanfranchi, Directrice de l’Atelier Vidéo et Multimédia, le programme de la journée et de demain et l’interview de Wilfried Jude, en charge du Jury des Lycéens.

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Edito

Comprendre la nécessité d’une mise en place de filières locales liées aux métiers de l’audiovisuel et du numérique : la formation, la transmission, l’accompagnement professionnel, l’aide à la création, sont finalement posées au sein même du FIFAC et touchent tous les individus quelque soit le pays d’où ils viennent.

Les retombées d’un tel événement ne peuvent être percectibles que si et seulement si, des structures locales peuvent répondre à l’accueil et tisser des liens dans une perspective interrégionale.

Ils nous est apparu indispensable de vous donner quelques clefs pour mieux comprendre le contexte et poser d’ici à la fin du festival les bases de conditions d’accueil encore plus idéales.

Sans doute la pluie quant à elle, continuera toujours de s’inviter…

MD

Le portrait du jour : Vanina Lanfranchi

Directrice de l’Atelier Vidéo et Multimédia (AVM), Vanina Lanfranchi est aussi porteuse du Pôle image Maroni. Nous avons voulu en savoir plus sur ses projets dont « Passeurs d’Images » et sa vision sur l’éducation à l’image.

FNL : Pouvez-vous nous expliquer les projets d’AVM ?

VL : Nous développons au travers du Pôle Image Maroni l’éducation aux Images et aux nouveaux médias, en mettant en place des ateliers de pratique audiovisuelle et cinématographique en milieu scolaire et périscolaire, nous animons et coordonnons le dispositif interministériel hors temps scolaire d’éducation à l’image « Passeurs d’Images » et nous collaborons au dispositif en temps scolaire école, collège, lycéen et apprentis au cinéma, coordonné par l’association GCAM pour la Guyane. Nous avons développer des parcours pédagogiques d’éducation à l’image du CP à la terminale que nous allons commencer à mettre en place cette année dans le cadre de l’éducation artistique et culturelle en milieu scolaire.

Par ailleurs depuis 2014, en partenariat avec Docmonde et Lumière du Monde nous mettons en oeuvre un programme de formation au documentaire de création Doc Amazonie Caraïbe qui accompagne des auteurs / réalisateurs du territoire amazonien en leur permettant, au travers de l’organisation de rencontre avec des producteurs et des diffuseurs de l’hexagone de faire émerger leur point de vue. C’est ainsi qu’une dizaine de films ont été réalisés et produits depuis le démarrage du programme. Nous développons aussi de la formation professionnelle avec des parcours d’insertion pour les jeunes en décrochage et portons le projet « Incubateur audiovisuel » retenu dans les assises des Outre-mer qui conjugue : un centre de formation, une pouponnière d’entreprises et une Télévison Locale de Service Public Tv TLSP. Et puis, il y a bien sûr les Chroniques du Maroni dont vous avez déjà parlées dans vos colonnes.

FNL : Que pensez-vous de la place du cinéma et de l’audiovisuel dans le milieu scolaire et extrascolaire mis en place pour les jeunes ? Et vous-même quelles actions menez-vous ?

VL : Par exemple le dispositif Passeurs d’images que nous coordonnons depuis 2013, est un formidable outil pour la Guyane car il s’adapte aux différents publics, aux

différentes cultures qui se côtoient sur un vaste territoire. Il permet aux jeunes au travers des axes que nous développons d’expérimenter la notion de citoyenneté et de vivre ensemble en Guyane. Passeurs d’images se déploie avec :

– La mise en place d’ateliers de pratique cinématographique où l’on invite des professionnels à partager leur expérience avec des jeunes. Notre but est donc de mettre en relation un groupe avec un professionnel du cinéma, avec à la clé une production qui valorise l’atelier.

– Nous avons pris en charge durant les vacances de Pâques 300 places de cinéma pour les jeunes entre 6 et 18 ans issus des quartiers prioritaires de la ville de Kourou et nous allons renouveler l’opération aux vacances de la Toussaint avec Cayenne.

– Nous mettons en place des séances spéciales où le public éloigné de l’offre culturelle rencontre des réalisateurs. Pour exemple, Nicolas Millet, invité du FIFAC, qui, dans le cadre de Passeurs d’images a présenté son film « KA’por, le dernier combat », au Carbet des associations du village chinois, hier soir.

FNL : Pensez-vous qu’il y a suffisamment d’actions autour de l’éducation à l’image ?

VL : Les jeunes passent énormément de temps devant les écrans et cela sans filtre. Il est donc nécessaire de leur donner les outils pour qu’ils puissent apprendre à décrypter et prendre du recul par rapport aux images. Je pense en effet qu’on devrait donner beaucoup plus de place à l’éducation aux images dans les programmes éducatifs, et je pense également qu’autour d’un film, on peut débattre de beaucoup d’idées.

FNL : Quel est votre objectif et quelles sont vos attentes du FIFAC en tant que Directrice d’AVM ?

VL : Il nous a paru très important que l’éducation aux images soit présente dans le cadre du FIFAC. Mercredi a eu lieu une conférence sur l’éducation à l’image. Nous avons organisé les séances scolaires et nous encadrons le jury lycéen. Votre présence est très importante car il est primordial d’ouvrir le festival à la jeunesse.

 

Propos recueils par Rafalskie Molie et Christine Charles

Les compagnons de l’image

Véronique Kanor et Serge Poyotte ont des parcours de vie qui se croisent : journalistes puis auteurs de films de fiction ou de documentaire. Ils se retrouvent au FIFAC et font partie du Jury pour la sélection officielle. Depuis l’ouverture du festival, il a beaucoup été question de production, de diffusion mais qu’en est-il de la création ?

FNL : En tant qu’auteurs, quelles sont vos attentes dans le FIFAC ?

Véronique Kanor : c’est faire des rencontres car pour moi qui ne fait pas beaucoup de fiction, qui travaille beaucoup plus en documentaire, il y a une espèce de solitude. Je suis tout le temps confrontée à moi-même. Ce que j’attends ce sont des rencontres, c’est à dire retrouver une famille. Par exemple quand j’ai su que Serge Poyotte était membre du jury, cela m’a apporté une bonne raison d’être présente au FIFAC. C’est aussi renouer avec des personnes que je connais depuis longtemps et qui me font juste du bien. C’est quelque chose de l’ordre de l’amitié.

Serge Poyotte : Moi je n’attends rien du FIFAC parce que je ne suis pas dans le documentaire et je ne viens pas vendre un projet. Frédéric Belleney m’a demandé d’être membre du jury et de venir avec mon film. Je lui ai dit oui parce que Saint Laurent du Maroni c’est ma ville. Je n’y suis pas né mais cela reste ma ville de coeur et les membres d’AVM et de Pôle image Maroni, sont à la fois mes amis et ceux avec qui je bosse. Je suis très heureux d’être ici parce que je rencontre des gens que je connais et avec lesquels j’ai une vraie complicité, comme Véronique, comme d’autres. Je suis content de voir des films, je suis content d’apprendre. En fait, mon attente au sein du FIFAC, c’est d’apprendre à regarder un documentaire.

VK : J’abonde dans ton sens car moi aussi chaque fois que je viens à Saint-Laurent du Maroni c’est grâce à AVM, et grâce à Fredéric Belleney dans le cadre d’American Molo Man. J’adore être dans un jury, confronter nos sensibilités, nos points de vue. Comment ça fait bouger nos perceptions sur une oeuvre que l’on va voir. Nous avons énormément de chance d’être dans ce jury-là, avec la présidence de Patrick Chamoiseau.

FNL : Vous êtes membres du jury, je n’ai bien sur pas la possibilité de vous poser des questions sur les films, aussi, ce qui m’intéresse c’est votre perception, votre émotion, le libre arbitre. Où cela vous emmène dans votre tête, dans la responsabilité d’un choix « définitif » ?

SP : C’est toujours difficile de juger ses pairs mais ce qui est bien, ici, c’est que dans le jury il y a une grande bienveillance, et à la fois un tel niveau de pensées… C’est à dire entre Véronique, Fanny, les 2 Laurence, Medhi et Patrick Chamoiseau, finalement ce n’est plus aussi difficile.

VK : Chacun apporte quelque chose dans son choix qui reste du domaine de la sensibilité. Cela vient du coeur. Je trouve qu’il y a 2 films quand on est dans le jury. Il y a le film que chacun voit et après celui que l’on reconstruit tous ensemble.

FNL : Une dernière question, Véronique tu es dans Doc Amazonie Caraïbe et toi Serge dans Gcam, pouvez-vous nous éclairer sur chacune de ces structures ?

VK : Doc Amazonie Caraïbe c’est une résidence d’écriture documentaire. Tu viens avec un projet de film et pendant 5 à 8 jours, on t’aide à faire émerger un film. Tu apprends à faire un pitch, c’est la session qu’il y a eu mercredi matin. Ce Pitch se fait devant des producteurs et des diffuseurs. Ce qui est très très important car quelques fois on n’a pas de producteur ou pas de diffuseur. C’est une chance inouïe de rencontrer des professionnels du broadcast de la télévision qui vont presque s’engager. Ces gens là payent pour venir nous écouter, ce n’est pas gratuit.

FNL : Et en tant qu’auteur comment fais-tu pour « entrer » dans Doc Amazonie Caraïbe ?

VK : Il y a un appel à projets. Selon des critères définis par AVM et Lumière du Monde, tu es retenu, ou pas… Une fois que tu es sélectionné, tu as 2 à 3 rendez-vous sur skype avec les accompagnateurs qui te font des retours sur ton projet, te posent des questions et essayent de mettre en avant les lignes de faiblesse ou de force. Pour moi c’est AVM qui m’a proposé de participer car j’avais un film et je ne voyais pas comment le traiter… J’étais prête à abandonner. Je suis ressortie de cet atelier avec un film !

FNL : Et Gcam ?

SP : C’est une association qui regroupe les professionnels de l’audiovisuel et du cinéma en Guyane. Elle a été créée il y a une dizaine d’années à Saint-Laurent, C’était en 2009, nous étions une dizaine avec une volonté commune : « faire entendre notre voix ». La Gcam est une association qui porte la parole des auteurs, réalisateurs, techniciens, de toute la Guyane. C’est aussi ouvert aux Antilles et ailleurs. Elle forme les techniciens, les producteurs et fait le lien entre la production et ceux qui réalisent, dans des accueils de tournage par exemple.

FNL : Quel lien y a t-il avec la commission du film ?

SP : La Gcam a répondu à un appel d’offre et la CTG nous a sélectionné. La Gcam avait pour souhait de gérer la commission du film et c’est une belle reconnaissance qu’elle ait obtenu ce marché. J’espère qu’elle va faire du « bon boulot ».

Propos recueillis par Marianne Doullay

3 questions à… Wilfried Jude

Dans le cadre des Ateliers Vidéo et Multimédias, Wilfried Jude encadre cette semaine les lycéens de Mana et Rémire-Montjoly. Il cherche à leur faire découvrir un savoir-faire dans le domaine de l’image et attend d’eux qu’ils représentent la Guyane de demain.

FNL : Quel est votre rôle au sein du FIFAC ?

WJ : Sur le Festival, je suis en charge du jury des lycéens. Il y a deux classes, l’une est de Rémire, l’autre de Mana, présentes sur le Camp de la transportation tout au long de cette semaine. Ces élèves doivent décerner le Prix des lycéens à la fin du festival. Ils élisent ainsi le documentaire le plus prometteur. Mais là n’est pas leur unique activité, ils rédigent également des critiques sur les différentes productions visionnées, qui seront ensuite publiées à la fois dans la Newsletter et sur le site du FIFAC. Sept autres élèves participent à la rédaction de ce quotidien et sont encadrés par des professionnels.

FNL : En quoi consiste l’éducation à l’image et pourquoi vous motive-t-elle ?

WJ : Je travaille dans ce milieu depuis un certain temps. Cependant, j’exerce à l’Atelier Vidéo et Multimédia depuis un an maintenant. Je suis davantage spécialisé dans l’éducation cinématographique et audiovisuelle, ce qui pour moi, est très important pour diverses raisons. Tout d’abord parce que partager et co-créer ensemble est un concept intéressant, et que cela nécessite une bonne cohésion de groupe et une entraide entre chaque personne. Notre objectif est que les personnes avec qui nous travaillons, qu’elles soient enfants, adolescents ou adultes, se sentent bien. Deuxièmement, cela nous permet de regarder le monde différemment et de prendre conscience de la place de l’image dans leur vie. Que racontent les images, que signifient-elles ? Nous prévenons les jeunes vis-à-vis des fausses informations véhiculées sur les réseaux et de leur donner des outils afin de savoir les différencier.

FNL : Vous encadrez des jeunes lycéens de Rémire-Montjoly et de Mana. Qu’espérez-vous de l’expérience qu’ils auront acquise d’ici la fin du festival ?

WJ : J’espère qu’ils se seront bien marrés. Etant plus jeune, j’ai eu la chance de participer à des festivals de cinéma notamment et d’en programmer quelques-uns par la même occasion. Je souhaite que ces lycéens s’immergent, se sentent à l’aise avec leur personnel encadrant et qu’ils s’amusent. Cet événement leur permet de rencontrer des professionnels, c’est ainsi une grande opportunité et une superbe expérience pour eux. L’exercice de l’écriture critique, qui occupe en majeure partie leur emploi du temps, les entraîne à structurer leurs pensées et à échanger avec les autres sur un sujet commun. Le but est d’aller au-delà de leur ressenti.

FNL : Quels sont vos projets d’avenir ?

WJ : Avec AVM, nous avons plusieurs projets en tête dans le but de développer des actions à visée éducative. D’un côté plus personnel, je m’essaie à la production de films expérimentaux : un petit budget, l’absence d’acteurs et des plans réalisés à l’aide de mon téléphone portable.

Propos recueillis par Honorine Huvelle et LaurieAnne Antoine

Ce journal est réalisé dans le cadre d’un atelier d’écriture journalistique.

Fifac Newsletter est éditée par l’Afifac. Directeur de la publication : Frédéric Belleney. Rédactrice en chef : Marianne Doullay. Secrétaire de rédaction : Nicole Bargigli. Comité de rédaction : les classes section cinéma de Cayenne et Mana avec Honorine Huvelle, Laurie-Anne Antoine, Christine Charles, Léa Brodin, Manaée Pancrate-Brunel, Pricella Pinas, Rafalskie Molie, encadrés par Sandra Quintin et Wilfried Jude.

Tous les jours, découvrez la newsletter du FIFAC. Pour la troisième journée, le portrait d’Éric Scherer, Directeur de l’Information et de la Prospective du groupe France Télévisions​, le programme de la journée et de demain et l’interview de Doc Seven, Youtubeur de renom Saint-Laurentais.

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Edito

Nous n’en attendions pas moins. L’émulation du FIFAC a touché l’équipe des rédactions du «pôle média» mis en place pour le festival. Deux équipes : une, axée sur le contenu numérique avec 6 étudiants encadrés de quatre adultes formateurs. Prises de vues et montage font partie de leur quotidien. Une autre en version «papier» avec à son service 6 lycéennes et un lycéen encadrés par deux adultes formatrices. Préparation d’interviews, écriture journalistique sont aussi devenues leur quotidien.

L’énergie est le vecteur de cette aventure. A l’instar du FIFAC, nous sommes à l’écoute, nous transmettons et nous portons des paroles. Nous formons, nous tentons d’apprendre les uns des autres, nous nous apprivoisons. Nous vivons des moments riches de choix et d’arbitrage. Nous vivons au rythme du festival : intensément. Quel plaisir de nous découvrir tour à tour force de proposition. C’est une merveilleuse aventure humaine, à laquelle vous participez vous aussi, chaque jour, en lisant les pages de cette Newsletter. Nous sommes déjà mercredi, la moitié du festival, que cette quête de l’épanouissement continue de nous habiter.

MD

Le portrait du jour : Eric Scherer

Directeur de l’Information et de la Prospective du groupe France Télévisions, Éric Scherer est l’un de nos nombreux invités sur ce festival ici à Saint- Laurent du Maroni. Nous l’interrogeons aujourd’hui sur son rôle au sein du FIFAC ainsi que sur ses ambitions concernant la « Télévision de demain ».

FNL : Vous êtes le directeur de l’Information et de la Prospective du groupe France Télévisions, pouvez-vous, en quelques mots, nous résumer en quoi consiste ce poste ?

Mon travail, c’est de faire l’antibrouillard, c’est-à-dire essayer d’éclairer devant nous ce qui se passe dans le monde d’une télévision bouleversée par la Révolution Numérique. Après la musique et la presse, c’est désormais au tour de la télévision et de la radio d’être chahutées par ce progrès. Voilà ainsi la première partie de mon travail : anticiper, analyser et avertir de ce qui se passe dans ce monde d’audiovisuel récemment chamboulé. La deuxième partie de mon travail consiste à tester et expérimenter des formats différents pour de nouvelles expériences. Ces derniers reposent sur des éléments portant sur le sport, la culture, le fictif, le divertissement mais aussi sur les nouvelles technologies. Comme actif principal, nous avons l’information vérifiée, sourcée, analysée, décryptée, hiérarchisée dans un contexte où la désinformation, la propagande même, est en train d’envahir la totalité d’Internet. J’appartiens donc aujourd’hui à deux directions : celle de l’Information puisque le journalisme est toujours ma profession première ; et celle du Numérique. La « Télévision de Papa » est un concept consistant à attendre un programme à une heure fixe et se voir imposer les programmes suivants. On remarque qu’il existe un vocabulaire lié à ce dernier, qui repose sur le champ lexical du bagne : on parle alors de « chaînes » de télévision ainsi que de « grilles » de programmes. Vous voyez bien que ce n’est pas une référence à la liberté, contrairement au Numérique qui la permet. Il ne s’agit donc plus d’être soumis à un programme, mais de consommer à la demande. Ce format nous laisse la possibilité de créer une playlist de contenus vidéo qui plaisent dans tous les domaines possibles. Le choix vous revient ainsi.

FNL : Quel est votre rôle ici, au sein du FIFAC ?

Ma présence dans ce festival se justifie par deux choses : d’abord pour essayer de mieux comprendre, voire apprendre comment fonctionne la Guyane et plus précisément « Le

 

Fleuve ». Il est question de partager, d’échanger avec les professionnels de l’audiovisuel et du documentaire, afin qu’ils soient conscients des nouvelles tendances des citoyens. Je cherche également à analyser les défis de la télévision qui se dessinent sur ce territoire.

FNL : Quel est votre ressenti au sujet de la capacité des « autochtones » à refléter leur identité culturelle dans les médias ?

Après les séries, le documentaire, également nommé « L’âge d’Or », est le genre majeur de la télévision. Il bénéficie d’une multitude d’opportunités pour s’imposer et séduire le paysage de l’audiovisuel. La population de notre génération est moins enclin à lire les journaux, mais sont tout de même curieux de visionner des productions qui ont été méticuleusement analysées et développées sur un temps plus long. Les sujets sérieux de société, qu’ils soient historiques ou scientifiques, sont un genre qui a un énorme avenir devant lui. Ils dominent les plateformes telles que Netflix, Amazon Prime, Disney, Facebook ou encore Apple TV.

FNL : Vous êtes aujourd’hui encore journaliste, et avez donc sûrement beaucoup voyagé. En quoi cette expérience vous permet-elle d’avoir une vision d’ensemble sur la prospective de France Télévisions ?

J’ai beaucoup de chance d’avoir eu la possibilité de travailler à l’étranger, mais surtout au sein de l’AFP, l’un des principaux grossistes de l’Information. Cette expatriation dans les agences de presse à Tokyo, Washington et Londres, m’a permis de voir l’importance de la Révolution Numérique, d’acquérir à la fois une avance sur notre temps en Europe et surtout de réaliser l’influence qu’elle possède sur les domaines de la médecine, de l’éducation ou encore de la défense.

FNL : Quel serait, pour vous, l’idéal médiatique de demain ?

Mon utopie pour l’avenir médiatique serait d’offrir l’opportunité à nos spectateurs de participer à une proximité plus importante que celle d’avant. C’est un but que l’on arrive à atteindre à la radio, sur Internet, mais beaucoup moins à la télévision, et j’espère le voir se réaliser un jour.

Propos recueillis par LaurieAnne Antoine et Honorine Huvelle

L’engagement

Bruno Florentin, producteur dans la société Real Production est à Saint-Laurent du Maroni, pour le Fifac et les rencontres Doc Amazonie-Caraïbes mais aussi pour suivre de près son « poulain » le réalisateur Christophe Yanuwana Pierre.

Rencontre avec un homme de goût, sensible, qui nous dévoile ici une approche de son travail.

Comment définirais-tu la ligne éditoriale de ta structure de production ?

On essaie de placer l’homme au centre d’une société en plein mouvement. On fait des films qui vont traiter d’histoire, on aime l’histoire et parfois hélas, il faut la refléter. On s’aperçoit que des phénomènes fâcheux de notre histoire peuvent tout à fait se renouveler alors, il faut répéter les choses, on participe à l’Histoire. Autrement, on fait beaucoup de films sur l’environnement, là aussi il faut répéter les choses. Montrer les initiatives, pas seulement alarmer mais montrer. On parle aussi de société, des « hommes ». On fait aussi quelques films qui ont trait à l’art, des portraits d’artistes, sur le cirque, des musiciens, des chanteurs, des auteurs, on travaille actuellement avec un artiste de théâtre… C’est assez varié… C’est comme un coup de coeur. Moi au début, si j’ai fait des films, c’était pour parler, très naïvement sur les droits de l’homme, je pensais que chaque film pouvait changer les choses…

Je rebondis sur « chaque film pouvait changer les choses… » Ce matin tu évoquais le travail d’écriture et d’accompagnement. Et j’ai remarqué que tu apportes une attention très particulière à certains auteurs, comme Christophe Yanuwana Pierre, peut être y en a t-il d’autres ? Sur cette préparation, ce travail d’écriture, qu’est ce qui détermine que tu vas aider plutôt tel auteur qu’un autre dans son travail qui amène, comme tu le dis, à la liberté ?

Le travail d’écriture est effectivement fondamental, c’est ce qui prend le plus de temps, je crois. C’est ce qu’oublient souvent les chaines et les financeurs. Faire un enfant c’est 9 mois mais faire un film demande un long travail d’écriture. Pour bien développer le travail et aller jusqu’au bout. Ce n’est pas écrire un dossier, c’est déjà imaginer un futur film donc c’est peut être une contrainte au début, oui…mais quelle liberté après. A partir de là on peut faire des choix, on peut faire autre chose. Entre un dossier et un film il y a un pas car il y a plein de choses qui vont se faire et plein d’autres qui ne vont pas se faire. Il faut rester ouvert mais au moins cela permet d’avoir une ligne narrative, d’avoir un fil directeur et de savoir où on va. Et ces dossiers, souvent, quand on est en montage et que l’on a des blocages, moi je leur dit : « Je sais ce qui ne va pas dans votre film et en plus c’est vous qui l’avez écrit, revoyez le dossier » la plupart du temps, ça débloque le travail. C’est donc un document de travail qui permet d’avoir la liberté de bouger, de retrouver… c’est un guide.

« C’est un guide », c’est joli. Je me demande si toi aussi, finalement tu n’es pas un peu un guide, un accompagnateur ?

Comme je le disais tout à l’heure, c’est un peu ce pourquoi je me suis lancé naivement dans le documentaire, pour les droits de l’homme. Sur ce projet, comme j’ai rencontré Christophe Pierre, c’est une ouverture et je me suis dit peut être, enfin, j’allais commencer à faire un film sur les droits de l’homme, comme j’en rêvais depuis longtemps. J’ai été séduit par son charisme, je voyais des images dans ses paroles, des rêves, des émotions, et je me suis dit : « J’ai 61 ans, je ne vais peut être pas faire de films durant 10 ans mais celui là je veux le faire. Il faut aller jusqu’au bout de ce film*.

Pour conclure, quel est ton regard et ton attente par rapport au FIFAC ?

J’avoue que j’étais là l’an dernier lorsque la décision s’est prise. Encore « une vision », un rêve aussi. Quand Didier Urbain a fait cette proposition auprès des personnes de France Télévisions et que Wallace Koltra a donné son assentiment, Je me suis dit : « À Saint-Laurent du Maroni, comment vont-il faire ? C’était un sacré challenge et quand j’ai reçu le programme, quand je vois au quotidien, ce qui se passe ici, c’est juste génial !

Et puis, c’est surtout intelligent. J’ai bien aimé le discours d’ouverture de Patrick Chamoiseau sur cette expression : « Nous incitons les Caribéens à s’émanciper, juste à s’émanciper, c’est un pays mais émancipons-nous, on a notre culture ». Alors je trouve que ce festival est en parfaite adéquation avec ce discours ou ce discours est en parfaite adéquation avec ce festival. Dans tous les cas l’un va bien avec l’autre.

Propos recueillis par Marianne Doullay.

« Si tu as quelque chose à raconter, il y aura des gens pour t’écouter »

William Van de Walle, dit Doc Seven, né le 31 mai 1991 à Saint Laurent du Maroni en Guyane, est un réalisateur, scénariste puis vidéaste éducatif franco-belge sur la plateforme de vidéos YouTube où il a plus de 1.9 million d’abonnés.

FNL : En quelques mots, pouvez-vous nous raconter votre parcours ?

D.S : Je suis né à Saint Laurent du Maroni, j’y suis resté jusqu’à mon année de première au lycée, j’ai fait ma terminale en Australie, j’avais 15 ans. Ensuite après un peu de biologie, j’ai fait 5 ans de cinéma à Paris. Puis des stages sur des films et séries car à la base je voulais être réalisateur sauf que c’est trop « chiant » sur le plateau. J’ai rencontré quelqu’un qui possédait une chaine YouTube et je me suis dit que j’allais tester et puis ça a marché. Je me suis lancé sur YouTube le 21 janvier 2015 et ça a explosé.

FNL : A qui sont adressées vos vidéos et pourquoi ?

D.S : A tout le monde, l’écrasante majorité de mon audience représente 70% de personnes âgés de 18 à 35 ans. Et les moins de 18 ans représentent 15%. Ce n’est pas pour apprendre des choses, c’est pour montrer que l’on peut être curieux sur plein de sujets, pour donner envie de s’intéresser à n’importe quoi. Donc peu importe l’âge ça peut fonctionner pour n’importe qui.

FNL : que pensez-vous du FIFAC à Saint-Laurent du Maroni ?

D.S :C’est trop bien, le FIFAC à Saint- Laurent c’est le meilleur endroit pour ça en Guyane, ça c’est sûr ! Et je pense que c’est surtout très cool pour les jeunes parce que ça peut les motiver un petit peu. Je pense que ça va les inciter à créer des choses. Maintenant on a les téléphones c’est une révolution, si tu as quelque chose à dire tu prends ton téléphone et tu le dis. Donc le FIFAC à Saint-Laurent il faut que ça engage les jeunes à mettre leur vision sur le monde et dire ce qu’ils ont à dire, il y a tellement de thèmes à faire ici.

Manaée Pancrate-Brunel

Pricella Pinas

Les Outre-Mer à France Télévisions

Grande première hier à Saint-Laurent du Maroni, le Fifac réunissait les producteurs et opérateurs d’Outre-Mer avec leurs principaux interlocuteurs de France Télévisions. La perspective de la disparition en août 2020 de France Ô, chaîne dédiée, impose une nouvelle organisation des programmes de la télévision publique. Dorénavant, les chaînes publiques ont pour mission de rendre plus “visibles” les territoires et communautés d’Outre-Mer dans leur offre généraliste. Pour ce faire, un changement de regard sur la production ultramarine apparaît nécessaire : moins de condescendance, un meilleur accompagnement des projets…

Originaire de Nouvelle-Calédonie, Walles Kotra, le directeur du Pôle Outre-Mer-France Hexagonale de France Télévisions, veut croire en la stratégie définie dans le “Pacte pour la visibilité des Outre-Mer”. Un pacte en trois volets : inciter les chaînes publiques à un “réflexe outre-mer” ; leur proposer des programmes dédiés et financés ; renforcer le soutien à la production des chaînes du réseau ultramarin des Premières. Certes, les intentions affichées doivent favoriser la production ultramarine, mais la disparition d’un système de relations établi avec l’ancien diffuseur France Ô, fait apparaître des zones de flou.

Le chantier de la réorganisation en cours laisse sans réponse certaines questions soulevées par les représentantes du Syndicat de la production audiovisuelle et cinématographique des Outre-Mer (Spacom). Quid de la plateforme numérique, qui doit être mise en place début 2020 ? Comment seront répartis les 10 millions d’Euros consacrés au co-financement entre les Premières et les chaînes nationales ? Quand Walles Kotra parle d’une “phase de lissage”, Laurent Corteel, directeur des contenus, évoque la nouvelle unité de programme chargée des Outre-Mer. Mais Catherine Alvaresse et Béatrice Nivois, respectivement directrices de l’unité documentaire, et des documentaires & magazines, incitent vivement les producteurs présents à soumettre des projets qui racontent des histoires avec un oeil nouveau, une écriture nouvelle, basés du point de vue des Outre-Mer.

François Bensignor

Tous les jours, découvrez la newsletter du FIFAC. Pour la deuxième journée, le portrait de Walles Kotra, Directeur du réseau France Télévisions d’Outre-Mer, le programme de la journée et de demain et l’interview de Clémence Mouton, Rédactrice en Chef Adjointe de Chronique du Maroni.

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Edito

FIFAC, c’est parti et tel que cela était annoncé une ligne éditoriale se dégage et s’affirme : produire et être vu. Du Plateau des Guyanes aux Caraïbes, du Brésil au Vénézuela, du Suriname à Haïti, les peuples autochtones, les citoyens, s’accordent à vouloir une autonomie de production, de prises de parole, mais pour qui, si l’on ne peut être ni vu ni entendu ? L’expérience et l’exemple du FIFO en océanie prouve que cela est accessible. Comment rendre possible ce processus, ces collaborations à l’échelle mondiale ? Comment résister à cette « irradiation des USA » et ses déferlements de séries qui nous emmènent finalement toujours davantage dans un univers monocorde, insipide et trop souvent violent ? Comment relever le défi de la nourriture intellectuelle quand le défi du jour est celui de sauver la planète et sortir des inégalités ? Comment, si ce n’est encore une fois en prenant la parole, en fabriquant des documentaires pour parler soi-même, de sa réalité ? C’est peut-être l’addition de ces réalités qui nous emmènera vers une autre idée de ce que certains voudraient détenir : la vérité.

C’est ambitieux, certes, c’est un pari, que va relever le FIFAC, participer à cette idée que sans doute, « un autre monde est possible ».

Que ce festival continu de vous porter vers le bon sens…

MD

Le portrait du jour : Walles Kotra

Walles Kotra, directeur du réseau France Télévisions d’Outre-Mer depuis 2016, est présent cette semaine au festival du FIFAC, qui se déroule pour la première fois cette année en Guyane, dans les vestiges du bagne de Saint Laurent du Maroni. Son rôle ici est de mettre en valeur l’identité des territoires de l’Amazonie-Caraïbe.

FNL : C’est une première pour la Guyane d’accueillir le FIFAC en son territoire, quelles sont vos attentes ?

Il y a plusieurs attentes, la première étant de proposer du contenu sur non seulement la Guyane mais également l’Amazonie et les Caraïbes. C’est évidemment compliqué car ce sont des pays qui ne se voient pas très souvent, ainsi il faut faire en sorte que les acteurs du visuel se rencontrent, et qu’eux-mêmes conçoivent des projets. Il s’agit d’un travail à long terme. C’est le premier festival qui se déroule en Guyane, nous aimerions qu’il se reproduise tous les ans afin de voir sur nos écrans une production finale qui mettrait en avant les territoires d’Outre-Mer. Voilà la logique de ce festival.

FNL : De quelle manière le groupe France Télévisions apporte-t-il son soutien au FIFAC ?

C’est une stratégie de France Télévisions qui consiste à démontrer que ce groupe télévisé n’a pas pour seule identité d’être européen, mais bien mondial. Le FIFO est déjà un festival de ce type qui relie de nombreux pays du Pacifique afin de les mettre en valeur. C’est important que les responsables du réseau France Télévisions qui sont à Paris, viennent ici et se rendent compte des facteurs présents sur le territoire. L’idée se résume à se dire finalement qu’il y a possibilité d’enrichir notre groupe télévisé, et d’avoir une ouverture mondiale.

FNL : Quel est l’enjeu de la disparition de France Ô sur les autres chaînes d’Outre- Mer ?

La disparition de France Ô a été un choc pour nous, mais cela nous a permis de nous rendre compte que le problème ne venait pas de la chaîne mais bien de la visibilité de l’Outre-Mer par la Métropole. Il y a une volonté de groupe de la part de l’Amazonie-Caraïbe de se retrouver sur des chaînes telles que France 2, France 3 ou France 5 et de rentrer dans les offres numériques. D’où ma présence ici dans ce festival.

On cherche à favoriser notre relation avec les écoles, avec des élèves comme vous, car vous êtes les spectateurs de demain. Finalement, ce n’est pas un enjeu pour les autres chaînes mais plutôt pour nous, en tant que participants. C’est pourquoi nous nous mobilisons au maximum.

FNL : Nous savons que la chaîne France Ô repose sur des programmes à visée culturelle.

Pourquoi, selon vous, cela attire-t-il moins de spectateurs que les autres chaînes d’Outre-Mer ?

C’est une offre thématique pour la Métropole, l’idée est donc d’essayer d’intégrer cette offre-là à une échelle généraliste. Par exemple, cette année, nous allons produire 16 fictions d’Outre-Mer car celles-ci attirent davantage le public français depuis ces dernières années. Nous pouvons compter parmi elles la série phénomène « Inspecteur Marlot » tournée sur le territoire guadeloupéen, qui à elle seule rassemble sept millions de téléspectateurs.

FNL : Que pensez-vous de l’avis du Président Emmanuel Macron au sujet de France Ô, qui ne la juge « pas indispensable » ?

C’est difficile de commenter les propos de notre Président, mais je dois admettre que ceux-ci nous ont particulièrement touchés. Cependant, nous tentons de rester concentrés sur le sujet de la visibilité. Pour avoir dirigé cette chaîne, je peux admettre qu’elle soit périphérique. Donc à partir du moment où sa suppression a été annoncée, notre but premier était de faire en sorte que cette chaîne périphérique ne devienne pas quelque chose d’inexistant. Notre pari a donc été de refonder la place de l’Outre- Mer dans l’offre publique, bien que ce dernier soit loin d’être gagné. Mais nos constats sont encourageants. C’est pourquoi nous cherchons autant que possible à créer du contenu en postant des journalistes au sein des régions de l’Amazonie-Caraïbe. Ce qui nous permet d’être informés en permanence sur des évènements majeurs établis sur ces territoires afin de les retransmettre à notre audience. L’avis du Président Emmanuel Macron nous pousse donc à écrire une autre page d’Histoire.

Propos recueillis par Laurie-Anne Antoine et Honorine Huvelle

Produire en région

Lié au besoin de structurer et de développer dans nos régions les industries audiovisuelles en pleine mutation, à l’heure du tout numérique et de la disparition de France ô, le Fifac interroge l’ensemble des professionnels concernés sur la question qui perdure depuis plus de 10 ans2 : quand va-t-il être donné à voir une image des territoires d’Outre-mer vue par des gens d’Outre-mer comme évoqué lors des 1ers États généraux de l’audiovisuel et du cinéma de 2009 à Saint-Laurent du Maroni ?

Aujourd’hui, à peine 5 ou 10 % des images des Outre-mers, sont réalisés ou produits en Outre-mer. La grosse majorité des aides à l’audiovisuel et au cinéma de nos régions Antilles-Guyane ne sert pas les productions locales. Idem des aides nationales. Tout est concentré en Hexagone.

Faut-il instaurer des quotas ? Pourquoi l’ensemble des télévisions et médias d’Amazonie Caraïbe ne ré-orienterait pas leur politique éditoriale, de commande et de coproduction vers plus de local, plus de durable ? Comment, nous, producteurs pouvons-nous répondre à cette demande ? Quels sont les freins à la production en Outre-mer et quelles seraient les solutions à apporter ? Quel est le poids économique et les emplois dans cette filière ? Qu’en sera-t-il demain ? Quelles formations sont nécessaires ?

Autant de sujets à aborder, avec en appui des témoignages d’Aquitaine, des Hauts-de-France, des Antilles, d’ile-de-France…

Didier Urbain

1-Spacom : Syndicat desproducteursaudiovisuel et cinéma desOutremer

2- 1ersEtatsgénéraux du Cunéma et de lAudiovisuel en Guyane, organisésà StLaurent du Maroni en juin 2009

Chronique du Maroni : l’Ouest Guyanais en progression

Chronique du Maroni est un média de proximité, developpé par AVM (Atelier Vidéo et Multimédia) en 2015 dont l’objectif est de combler la sous-médiatisation de l’Ouest Guyanais. C’est par le biais de formations de web reporters que Chronique du Maroni va à la rencontre des habitants pour promouvoir des actions citoyennes afin de lutter contre les discriminations, préserver l’environnement et favoriser la mixité sociale. Présente au FIFAC, nous avons interviewé la rédactrice en chef adjointe Clémence Mouton.

FNL : Dans quel but avez-vous décidé de créer « Chronique du Maroni » ?

C.M : Nous avons décidé de créer Chronique du Maroni afin de mettre en avant l’initiative locale et la culture Guyanaise mais aussi parce qu’il n’y avait pas beaucoup d’expositions médiatiques. Cela permet aussi de mettre en lumière les jeunes de l’Ouest Guyanais et casser ainsi les stéréotypes comme par exemple les jeunes qui ne savent que faire la « mule » (porteur de cocaïne).

FNL : Le créer était-il difficile pour vous ?

C.M : Quand j’ai commencé à travailler chez AVM, Chronique du Maroni existait déjà. Cependant Il y a toujours des difficultés pour faire exister ce média car nous avons du mal à boucler le budget et la formation des jeunes prend beaucoup de temps.

FNL : Pour rebondir sur votre réponse nous avons constaté que l’ensemble de l’équipe de vos chroniqueurs / stagiaires sont des jeunes issus de l’Ouest Guyanais. Quels débouchés pour eux à la fin de leur stage ?

C.M : il s’agit en fait d’une formation d’une semaine. Mon but en tant que rédactrice en chef adjointe est de les intégrer à une équipe, de les former et de les accompagner grâce au travail que nous menons avec Cédric Ross, chef de projet, Hervé Schrocron, animateur audiovisuel et Ilan Atipa, médiateur culturel. Ils reçoivent également un apprentissage aux techniques de cadrage. Après une semaine de formation, Chronique du Maroni peut proposer aux jeunes les plus persévérants un contrat de pigiste et être payés au reportage.

FNL : Pour terminer quels sont vos objectifs cette semaine au sein du FIFAC ?

CM : Pour ce festival nous avons trois enjeux : le premier est de porter des capsules vidéo (retour de chaque journée). Le second, est de réaliser deux reportages : un sur le jury des lycéens et l’autre sur la projection du documentaire « Ka’apor, le dernier combat » projeté au carbet de l’association du village chinois. Le troisième est axé sur des interviews plus longues, des personnalités incontournables du FIFAC.

Propos recueillis par Rafalskie Molie et Christine Charles

DE L’IDEE AU PROJET, DU PROJET A LA REALITE

L’ouverture officielle du FIFAC (festival international du film documentaire Amazonie-Caraïbe), a remporté un vif succès auprès du public qui s’était déplacé nombreux pour assister aux premières projections de films documentaires. C’est dans une ambiance conviviale que Madame Sophie-Charles, maire de la ville Saint-Laurent du Maroni a terminé son discours en disant : j’appelle de mes voeux que cette aventure humaine et ce beau projet collectif qu’est le FIFAC rayonnent par-delà de nos frontières et qu’il s’installe durablement dans la ville qui l’aura vu naitre ». Puissent ses souhaits se réaliser.

Manaée Pancrate-Brutel et Bricella Pinas

Tous les jours, découvrez la newsletter du FIFAC. Pour cette première journée, le portrait de Frédéric Belleney, Délégué Général du Festival International du Film documentaire Amazonie-Caraïbes, le programme de la journée et de demain et le mode d’emploi du festival.

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Edito

Sept milliards sept cent mille personnes recensées sur la planète en 2019, ce qui représente autant de points de vue et d’identités. A l’heure où l’idée même de la mondialisation voudrait nous uniformiser il n’a jamais été autant possible de s’approprier le monde de l’image et de sa diffusion. Ne plus attendre de l’autre qu’il vienne parler de «l’inconnu» mais se faire connaître soi-même. Utiliser les nouveaux supports médias, suppose aussi d’apprendre à s’en servir. Ne pas être un « simple consommateur » mais un acteur. 

Le FIFAC va nous donner l’occasion de découvrir 13 films documentaires en compétition, 9 en écran parallèle et 3 films de fiction pour la soirée America Moloman. Au-delà de l’intention des auteurs que nous découvrirons ensemble durant ces cinq jours il sera aussi question de diffusion et de futur. Pour se faire des rencontres professionnelles, des master class, des conférences sont organisées. Qu’elles soient publiques ou privées les questions posées apportent sans doute les réponses de demain. Et comme le futur se compose et se construit aussi avec les jeunes, certains participent à des projections scolaires, tandis que d’autres s’impliquent dans le Prix des lycéens, ou dans la fabrication de contenus digitaux ou encore écrivent dans le journal que vous tenez entre vos mains. Regarder, écouter, transmettre, bienvenus au premier FIFAC et bon festival ! 

MD

Le portrait du jour : Frédéric Belleney

Directeur du cinéma municipal Le Toucan, directeur du Festival America Molo Man durant ces 10 dernières années, aujourd’hui Délégué général du FIFAC. Rencontre avec « monsieur cinéma » de Saint-Laurent du Maroni.

FNL : Passer d’America Molo Man au FIFAC, c’est un enrichissement sans perte de liberté, notamment éditoriale ?

FB : Oui, cette transition est un vrai enrichissement et l’aboutissement de 10 ans de travail. Un Festival se doit d’évoluer et de grandir constamment, il ne peut rester figé. Dans ce sens, travailler en partenariat avec France Télévisions, avoir le soutien important de nouveaux financeurs et une énorme visibilité permet à cette 1ère édition d’avoir une nouvelle envergure, et un rayonnement que n’avait pas America Molo Man.

Concernant la liberté de la ligne éditoriale et le choix des films, ce n’est pas une restriction mais une chance de travailler en équipe, d’avoir des points de vue différents, de se remettre en question. C’est un apprentissage pour moi qui travaillais seul sur la programmation d’America Molo Man, avec tous les risques d’erreurs de jugement que cela comporte. Sur le fond, on garde tout de même une proposition de films engagés, qui collent à l’actualité. Pour certains documentaires qui n’entrent pas dans les critères des télévisions, que se soit par leur format ou par leur contenu, les festivals sont souvent les seules opportunités de les montrer au public.

FNL : Saint Laurent «ville du cinéma», c’est une ambition ?

FB : Saint-Laurent du Maroni bien sûr, en tant que ville d’accueil du Fifac, mais c’est la Guyane toute entière qui doit être une terre de cinéma, de fiction et de documentaire, et pas seulement vis à vis de la France mais sur la zone Sud américaine et Caribéenne. C’est une des ambitions de ce festival que de rassembler les talents, et de les faire rayonner au delà de la Guyane.

FNL : Concrètement quelles sont les attentes de ce Festival en terme de retombées sur le bassin Amazonie-Caraïbe mais aussi plus précisément pour la Ville ?

FB ; Booster la création des films, la production et les diffusions interrégionales, rassembler les acteurs de la filière, créer un marché et une économie dynamique, avec à la clé des créations d’emplois pour les jeunes et l’ambition de susciter des vocations.

Au niveau de Saint-Laurent du Maroni, faire en sorte qu’à long terme, le Fifac ait des retombées économiques majeures qui favorisent les acteurs locaux, comme c’est le cas pour toutes les villes qui accueillent des grands festivals.

FNL : Un souhait pour conclure ?

Que la fiction s’invite au Fifac dans les prochaines années, et que le cinéma le Toucan rouvre dès que possible !

Propos recueillis par Marianne Doullay

Festival : mode d’emploi

Le FIFAC se tiendra à Saint Laurent du Maroni du 14 au 18 octobre 2019. « Ce festival va constituer un lieu de rencontres, d’échanges et de découvertes autour du film documentaire pour tous les publics, grand public bien sûr, mais aussi scolaires et professionnels du secteur ».

[Sophie Charles, Maire de Saint-Laurent du Maroni]

Festival dédié au documentaire sous toutes ses formes, ouvert à tous les écrans, pour couvrir tous les champs d’expression possibles, le FIFAC est à la fois une volonté, une ambition et une promesse.

La volonté d’exposer le meilleur de la création documentaire de l’Amazonie et de la Caraïbe et de mettre en valeur toute une filière qui porte en elle créativité et métissage.

L’ambition de faire de cet événement un grand festival international, niché au coeur d’une ville en devenir, sur les rives du fleuve Maroni, dans cette vaste région qui naît dans l’Amazone et se déploie dans les Caraïbes.

La promesse de devenir une compétition de référence, poussée par une sélection exigeante et reconnue par un jury de professionnels. Si les festivals doivent participer à la chaîne de valeur des films en leur apportant promotion et reconnaissance, alors le FIFAC offrira visibilité démultipliée pour les réalisateurs de la région et forte plus-value à leurs documentaires.

LA GENÈSE

Le FIFAC s’inscrit dans la politique de création de festivals de films documentaires du Pôle Outre-Mer de France Télévisions dans les 3 grands bassins océaniques : Pacifique, Indien et Atlantique. Dans la continuité du FIFO (Festival International du Film documentaire Océanien) qui se tient en Polynésie depuis 16 ans et en amont du FIFOI (Festival International du Film de l’Océan Indien) qui aura lieu à la Réunion en 2020,

L’idée d’un FIFAC à Saint-Laurent du Maroni s’est concrétisée en octobre 2018, lors des 4èmes Rencontres Internationales Doc Amazonie Caraïbe organisées par AVM (Atelier Vidéo & Multimédia), en parallèle de la 10ème édition du festival de cinéma America Molo Man. L’implication et le rôle de la Ville de Saint-Laurent et du Pôle Image du Maroni dans la naissance du FIFAC sont donc majeurs. De là est née l’association AFIFAC qui a pour objet l’organisation de cet événement international à l’ouest de la Guyane.

Parmi les membres fondateurs, on note la présence de structures représentatives de la profession aux Antilles-Guyane :

• G-Cam (Guyane Cinéma Audiovisuel Multimédia)

• Spicag (Syndicat des producteurs indépendants Cinéma Audiovisuel Guadeloupe)

• Spicam (Syndicat des producteurs indépendants Cinéma Audiovisuel Martinique)

• Les directions de Guadeloupe la 1ère, Guyane la 1ère et Martinique la 1ère et bien sûr la direction du Pôle Outre-Mer de France Télévisions représentée par son directeur, Walles Kotra.

LES OBJECTIFS

Porter les voix de l’Amazonie, de l’Amérique du Sud et des Caraïbes, comprendre leurs préoccupations d’hier, d’aujourd’hui, et de demain. Le FIFAC poursuit un double objectif :

• Proposer au grand public une sélection de films documentaires et de webdocs inédits, illustrant la diversité et l’authenticité des peuples, des cultures, et des identités du bassin Amazonie-Caraïbes. C’est pourquoi quatre prix seront décernés. Le Grand prix du Festival récompensera le meilleur documentaire sur les 13 films sélectionnés. Face au choix parfois difficile le Prix spécial du jury permettra de valoriser une deuxième film. Le prix des lycéens quant à lui est le fruit d’un partenariat entre le Pôle Image du Maroni et les classes «option cinéma» des lycées Lama Prévot de Cayenne et Léopold Elfort de Mana. Enfin, à l’heure des réseaux sociaux il était incontournable de proposer un deuxième Grand prix du festival à l’endroit des contenus digitaux. C’est le Youtuber Doc Seven qui en sera le président.

• Soutenir le développement de la filière de production audiovisuelle locale et régionale en offrant aux professionnels un univers de travail favorisant les échanges et le partage pour renforcer ou initier la coopération avec les acteurs des régions et pays voisins.

Des rencontres professionnelles, des conférences publiques, des master class, des moments d’échange pour réfléchir ensemble au devenir de la production de contenu et de leur diffusion.

HORS LES MURS

Le FIFAC est un festival itinérant qui tourne de communes en communes tout au long de l’année et qui se fixe une semaine par an à Saint-Laurent du Maroni. Les séances «Hors les murs» se déclinent en trois propositions :

• «Hors les murs» en communes : débats et projections pour rallonger la vie des films…

• « Hors les murs» à l’international avec projections (et débats) au Brésil, au Guyana et au Surinam…

• «Hors les murs» collèges et lycéens : le FIFAC est un outil de circulation des oeuvres audiovisuelles…

Pendant une semaine, ce sont presque deux cents personnes qui vont s’immerger et s’impliquer dans le FIFAC pour vous faire partager le meilleur de la production et de la création de la zone Amazonie-Caraïbe.

LE PÔLE MEDIA DU FIFAC

Durant cinq jours, le «pôle media» du FIFAC accueillera 14 jeunes en formation. Sept d’entre eux seront dédiés au contenus digitaux et aux Chroniques du Maroni. Ils seront encadrés par Clémence Mouton, Cédric Ross, Hervé Schocron de l’Association Vidéo et Multimédia et par Nicolas Burlaud de l’Associaiton Primitivi en provenance de Marseille. Chaque jour vous pourrez suivre sur le web l’ensemble de leur production grâce à Alexis Ferchichi, responsable des contenus digitaux.

Site : festivalfifac.com

Réseaux sociaux : 

👉 Instagram

👉 Facebook

Les sept autres jeunes viennent des classes section cinéma de Cayenne et Mana. Ils suivront une formation d’écriture journalistique et participeront ainsi à la fabrication de la Fifac Newsletter. Quotidiennement nous publierons aussi la critique des lycéens, rédigée par les élèves du Prix des lycéens.

Le Fifac Newsletter sera disponible dès 9 heures tous les matins à l’accueil du camp de la Transportation

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