La Fifac Newsletter #4
Tous les jours, découvrez la newsletter du FIFAC. Pour la quatrième journée, le portrait de Vanina Lanfranchi, Directrice de l’Atelier Vidéo et Multimédia, le programme de la journée et de demain et l’interview de Wilfried Jude, en charge du Jury des Lycéens.
Téléchargez le PDF complet de notre newsletter en bas de la page et bonne lecture !
Edito
Comprendre la nécessité d’une mise en place de filières locales liées aux métiers de l’audiovisuel et du numérique : la formation, la transmission, l’accompagnement professionnel, l’aide à la création, sont finalement posées au sein même du FIFAC et touchent tous les individus quelque soit le pays d’où ils viennent.
Les retombées d’un tel événement ne peuvent être percectibles que si et seulement si, des structures locales peuvent répondre à l’accueil et tisser des liens dans une perspective interrégionale.
Ils nous est apparu indispensable de vous donner quelques clefs pour mieux comprendre le contexte et poser d’ici à la fin du festival les bases de conditions d’accueil encore plus idéales.
Sans doute la pluie quant à elle, continuera toujours de s’inviter…
MD
Le portrait du jour : Vanina Lanfranchi
Directrice de l’Atelier Vidéo et Multimédia (AVM), Vanina Lanfranchi est aussi porteuse du Pôle image Maroni. Nous avons voulu en savoir plus sur ses projets dont « Passeurs d’Images » et sa vision sur l’éducation à l’image.
FNL : Pouvez-vous nous expliquer les projets d’AVM ?
VL : Nous développons au travers du Pôle Image Maroni l’éducation aux Images et aux nouveaux médias, en mettant en place des ateliers de pratique audiovisuelle et cinématographique en milieu scolaire et périscolaire, nous animons et coordonnons le dispositif interministériel hors temps scolaire d’éducation à l’image « Passeurs d’Images » et nous collaborons au dispositif en temps scolaire école, collège, lycéen et apprentis au cinéma, coordonné par l’association GCAM pour la Guyane. Nous avons développer des parcours pédagogiques d’éducation à l’image du CP à la terminale que nous allons commencer à mettre en place cette année dans le cadre de l’éducation artistique et culturelle en milieu scolaire.
Par ailleurs depuis 2014, en partenariat avec Docmonde et Lumière du Monde nous mettons en oeuvre un programme de formation au documentaire de création Doc Amazonie Caraïbe qui accompagne des auteurs / réalisateurs du territoire amazonien en leur permettant, au travers de l’organisation de rencontre avec des producteurs et des diffuseurs de l’hexagone de faire émerger leur point de vue. C’est ainsi qu’une dizaine de films ont été réalisés et produits depuis le démarrage du programme. Nous développons aussi de la formation professionnelle avec des parcours d’insertion pour les jeunes en décrochage et portons le projet « Incubateur audiovisuel » retenu dans les assises des Outre-mer qui conjugue : un centre de formation, une pouponnière d’entreprises et une Télévison Locale de Service Public Tv TLSP. Et puis, il y a bien sûr les Chroniques du Maroni dont vous avez déjà parlées dans vos colonnes.
FNL : Que pensez-vous de la place du cinéma et de l’audiovisuel dans le milieu scolaire et extrascolaire mis en place pour les jeunes ? Et vous-même quelles actions menez-vous ?
VL : Par exemple le dispositif Passeurs d’images que nous coordonnons depuis 2013, est un formidable outil pour la Guyane car il s’adapte aux différents publics, aux
différentes cultures qui se côtoient sur un vaste territoire. Il permet aux jeunes au travers des axes que nous développons d’expérimenter la notion de citoyenneté et de vivre ensemble en Guyane. Passeurs d’images se déploie avec :
– La mise en place d’ateliers de pratique cinématographique où l’on invite des professionnels à partager leur expérience avec des jeunes. Notre but est donc de mettre en relation un groupe avec un professionnel du cinéma, avec à la clé une production qui valorise l’atelier.
– Nous avons pris en charge durant les vacances de Pâques 300 places de cinéma pour les jeunes entre 6 et 18 ans issus des quartiers prioritaires de la ville de Kourou et nous allons renouveler l’opération aux vacances de la Toussaint avec Cayenne.
– Nous mettons en place des séances spéciales où le public éloigné de l’offre culturelle rencontre des réalisateurs. Pour exemple, Nicolas Millet, invité du FIFAC, qui, dans le cadre de Passeurs d’images a présenté son film « KA’por, le dernier combat », au Carbet des associations du village chinois, hier soir.
FNL : Pensez-vous qu’il y a suffisamment d’actions autour de l’éducation à l’image ?
VL : Les jeunes passent énormément de temps devant les écrans et cela sans filtre. Il est donc nécessaire de leur donner les outils pour qu’ils puissent apprendre à décrypter et prendre du recul par rapport aux images. Je pense en effet qu’on devrait donner beaucoup plus de place à l’éducation aux images dans les programmes éducatifs, et je pense également qu’autour d’un film, on peut débattre de beaucoup d’idées.
FNL : Quel est votre objectif et quelles sont vos attentes du FIFAC en tant que Directrice d’AVM ?
VL : Il nous a paru très important que l’éducation aux images soit présente dans le cadre du FIFAC. Mercredi a eu lieu une conférence sur l’éducation à l’image. Nous avons organisé les séances scolaires et nous encadrons le jury lycéen. Votre présence est très importante car il est primordial d’ouvrir le festival à la jeunesse.
Propos recueils par Rafalskie Molie et Christine Charles
Les compagnons de l’image
Véronique Kanor et Serge Poyotte ont des parcours de vie qui se croisent : journalistes puis auteurs de films de fiction ou de documentaire. Ils se retrouvent au FIFAC et font partie du Jury pour la sélection officielle. Depuis l’ouverture du festival, il a beaucoup été question de production, de diffusion mais qu’en est-il de la création ?
FNL : En tant qu’auteurs, quelles sont vos attentes dans le FIFAC ?
Véronique Kanor : c’est faire des rencontres car pour moi qui ne fait pas beaucoup de fiction, qui travaille beaucoup plus en documentaire, il y a une espèce de solitude. Je suis tout le temps confrontée à moi-même. Ce que j’attends ce sont des rencontres, c’est à dire retrouver une famille. Par exemple quand j’ai su que Serge Poyotte était membre du jury, cela m’a apporté une bonne raison d’être présente au FIFAC. C’est aussi renouer avec des personnes que je connais depuis longtemps et qui me font juste du bien. C’est quelque chose de l’ordre de l’amitié.
Serge Poyotte : Moi je n’attends rien du FIFAC parce que je ne suis pas dans le documentaire et je ne viens pas vendre un projet. Frédéric Belleney m’a demandé d’être membre du jury et de venir avec mon film. Je lui ai dit oui parce que Saint Laurent du Maroni c’est ma ville. Je n’y suis pas né mais cela reste ma ville de coeur et les membres d’AVM et de Pôle image Maroni, sont à la fois mes amis et ceux avec qui je bosse. Je suis très heureux d’être ici parce que je rencontre des gens que je connais et avec lesquels j’ai une vraie complicité, comme Véronique, comme d’autres. Je suis content de voir des films, je suis content d’apprendre. En fait, mon attente au sein du FIFAC, c’est d’apprendre à regarder un documentaire.
VK : J’abonde dans ton sens car moi aussi chaque fois que je viens à Saint-Laurent du Maroni c’est grâce à AVM, et grâce à Fredéric Belleney dans le cadre d’American Molo Man. J’adore être dans un jury, confronter nos sensibilités, nos points de vue. Comment ça fait bouger nos perceptions sur une oeuvre que l’on va voir. Nous avons énormément de chance d’être dans ce jury-là, avec la présidence de Patrick Chamoiseau.
FNL : Vous êtes membres du jury, je n’ai bien sur pas la possibilité de vous poser des questions sur les films, aussi, ce qui m’intéresse c’est votre perception, votre émotion, le libre arbitre. Où cela vous emmène dans votre tête, dans la responsabilité d’un choix « définitif » ?
SP : C’est toujours difficile de juger ses pairs mais ce qui est bien, ici, c’est que dans le jury il y a une grande bienveillance, et à la fois un tel niveau de pensées… C’est à dire entre Véronique, Fanny, les 2 Laurence, Medhi et Patrick Chamoiseau, finalement ce n’est plus aussi difficile.
VK : Chacun apporte quelque chose dans son choix qui reste du domaine de la sensibilité. Cela vient du coeur. Je trouve qu’il y a 2 films quand on est dans le jury. Il y a le film que chacun voit et après celui que l’on reconstruit tous ensemble.
FNL : Une dernière question, Véronique tu es dans Doc Amazonie Caraïbe et toi Serge dans Gcam, pouvez-vous nous éclairer sur chacune de ces structures ?
VK : Doc Amazonie Caraïbe c’est une résidence d’écriture documentaire. Tu viens avec un projet de film et pendant 5 à 8 jours, on t’aide à faire émerger un film. Tu apprends à faire un pitch, c’est la session qu’il y a eu mercredi matin. Ce Pitch se fait devant des producteurs et des diffuseurs. Ce qui est très très important car quelques fois on n’a pas de producteur ou pas de diffuseur. C’est une chance inouïe de rencontrer des professionnels du broadcast de la télévision qui vont presque s’engager. Ces gens là payent pour venir nous écouter, ce n’est pas gratuit.
FNL : Et en tant qu’auteur comment fais-tu pour « entrer » dans Doc Amazonie Caraïbe ?
VK : Il y a un appel à projets. Selon des critères définis par AVM et Lumière du Monde, tu es retenu, ou pas… Une fois que tu es sélectionné, tu as 2 à 3 rendez-vous sur skype avec les accompagnateurs qui te font des retours sur ton projet, te posent des questions et essayent de mettre en avant les lignes de faiblesse ou de force. Pour moi c’est AVM qui m’a proposé de participer car j’avais un film et je ne voyais pas comment le traiter… J’étais prête à abandonner. Je suis ressortie de cet atelier avec un film !
FNL : Et Gcam ?
SP : C’est une association qui regroupe les professionnels de l’audiovisuel et du cinéma en Guyane. Elle a été créée il y a une dizaine d’années à Saint-Laurent, C’était en 2009, nous étions une dizaine avec une volonté commune : « faire entendre notre voix ». La Gcam est une association qui porte la parole des auteurs, réalisateurs, techniciens, de toute la Guyane. C’est aussi ouvert aux Antilles et ailleurs. Elle forme les techniciens, les producteurs et fait le lien entre la production et ceux qui réalisent, dans des accueils de tournage par exemple.
FNL : Quel lien y a t-il avec la commission du film ?
SP : La Gcam a répondu à un appel d’offre et la CTG nous a sélectionné. La Gcam avait pour souhait de gérer la commission du film et c’est une belle reconnaissance qu’elle ait obtenu ce marché. J’espère qu’elle va faire du « bon boulot ».
Propos recueillis par Marianne Doullay
3 questions à… Wilfried Jude
Dans le cadre des Ateliers Vidéo et Multimédias, Wilfried Jude encadre cette semaine les lycéens de Mana et Rémire-Montjoly. Il cherche à leur faire découvrir un savoir-faire dans le domaine de l’image et attend d’eux qu’ils représentent la Guyane de demain.
FNL : Quel est votre rôle au sein du FIFAC ?
WJ : Sur le Festival, je suis en charge du jury des lycéens. Il y a deux classes, l’une est de Rémire, l’autre de Mana, présentes sur le Camp de la transportation tout au long de cette semaine. Ces élèves doivent décerner le Prix des lycéens à la fin du festival. Ils élisent ainsi le documentaire le plus prometteur. Mais là n’est pas leur unique activité, ils rédigent également des critiques sur les différentes productions visionnées, qui seront ensuite publiées à la fois dans la Newsletter et sur le site du FIFAC. Sept autres élèves participent à la rédaction de ce quotidien et sont encadrés par des professionnels.
FNL : En quoi consiste l’éducation à l’image et pourquoi vous motive-t-elle ?
WJ : Je travaille dans ce milieu depuis un certain temps. Cependant, j’exerce à l’Atelier Vidéo et Multimédia depuis un an maintenant. Je suis davantage spécialisé dans l’éducation cinématographique et audiovisuelle, ce qui pour moi, est très important pour diverses raisons. Tout d’abord parce que partager et co-créer ensemble est un concept intéressant, et que cela nécessite une bonne cohésion de groupe et une entraide entre chaque personne. Notre objectif est que les personnes avec qui nous travaillons, qu’elles soient enfants, adolescents ou adultes, se sentent bien. Deuxièmement, cela nous permet de regarder le monde différemment et de prendre conscience de la place de l’image dans leur vie. Que racontent les images, que signifient-elles ? Nous prévenons les jeunes vis-à-vis des fausses informations véhiculées sur les réseaux et de leur donner des outils afin de savoir les différencier.
FNL : Vous encadrez des jeunes lycéens de Rémire-Montjoly et de Mana. Qu’espérez-vous de l’expérience qu’ils auront acquise d’ici la fin du festival ?
WJ : J’espère qu’ils se seront bien marrés. Etant plus jeune, j’ai eu la chance de participer à des festivals de cinéma notamment et d’en programmer quelques-uns par la même occasion. Je souhaite que ces lycéens s’immergent, se sentent à l’aise avec leur personnel encadrant et qu’ils s’amusent. Cet événement leur permet de rencontrer des professionnels, c’est ainsi une grande opportunité et une superbe expérience pour eux. L’exercice de l’écriture critique, qui occupe en majeure partie leur emploi du temps, les entraîne à structurer leurs pensées et à échanger avec les autres sur un sujet commun. Le but est d’aller au-delà de leur ressenti.
FNL : Quels sont vos projets d’avenir ?
WJ : Avec AVM, nous avons plusieurs projets en tête dans le but de développer des actions à visée éducative. D’un côté plus personnel, je m’essaie à la production de films expérimentaux : un petit budget, l’absence d’acteurs et des plans réalisés à l’aide de mon téléphone portable.
Propos recueillis par Honorine Huvelle et Laurie–Anne Antoine
Ce journal est réalisé dans le cadre d’un atelier d’écriture journalistique.
Fifac Newsletter est éditée par l’Afifac. Directeur de la publication : Frédéric Belleney. Rédactrice en chef : Marianne Doullay. Secrétaire de rédaction : Nicole Bargigli. Comité de rédaction : les classes section cinéma de Cayenne et Mana avec Honorine Huvelle, Laurie-Anne Antoine, Christine Charles, Léa Brodin, Manaée Pancrate-Brunel, Pricella Pinas, Rafalskie Molie, encadrés par Sandra Quintin et Wilfried Jude.