Chères amies et chers amis,
D’abord vous dire ici que c’est un très grand honneur d’avoir été choisi comme président du jury du troisième Festival International du Film documentaire Amazonie-Caraïbes, le FIFAC.
C’est aussi un grand bonheur pour moi de revenir dans la mythique ville de Saint-Laurent en plein cœur du camp de la transportation, heureusement transformé par les autorités de Guyane en lieu de culture et de mémoires. Adossée au puissant Maroni que partagent tant de peuples, tant de cultures, et tant d’imaginaires, la ville de Saint-Laurent est un laboratoire vivant du dynamisme de la plus vaste région de France.
Le silence artistique auquel cette pandémie nous a réduits ces dix-huit derniers mois nous a démontré combien la culture est essentielle pour notre vie, pour La vie et combien nous avons besoin de la sollicitation, de la présence, du regard et des émotions de l’Autre.
En tant qu’organisateur d’un festival, je mesure ce qu'il faut de volonté, d’énergie et de ténacité, pour se remettre en mouvement et je voudrais remercier encore une fois les initiateurs de cette manifestation qui nous permet d’aller à la rencontre de cette nouvelle entité géographique : l’Amazonie-Caraïbes.
En prenant connaissance de la programmation de 2021, je comprends mieux les raisons de l’existence du FIFAC. Une façon de résister en portant loin les atouts de ces Régions du monde, en s’appuyant sur la chance et la richesse que constituent l’histoire, la vitalité et les singularités de chacune de ces cultures, de ces langues et de ces peuples.
Car, ne nous trompons pas ! Les créations, les traditions, les histoires de ces pays pourraient si nous n’y prenons garde, s’évaporer et disparaître, balayées par le tsunami ravageur des images mondialisées que nous recevons sur nos écrans petits et grands.
Je crois profondément que les cultures d’Amérique du Sud, de la Caraïbe, de tous ces petits pays, de tous ces lieux de créolisation singulière dont l’identité s’est construite sur le dépassement d’une terrible histoire coloniale, savent mieux que d’autres mettre en lien l’héritage de civilisations multiples, et nous apprennent une autre façon (comme dirait Edouard Glissant), d’établir Relation. Une autre façon d’être au monde ; une façon, et je le crois de toutes mes forces, plus humaine.
Le FIFAC nous permet aussi de prendre le pouls et de rendre compte de cette Amazonie-Caraïbes, par la mise en valeur de ses jeunes talents et des regards qu’ils portent sur leur continent.
Cette année, les films documentaires sélectionnés nous feront vibrer et nous permettront de réaffirmer avec détermination que le cinéma, les arts, la culture, sont décidément des produits de haute nécessité.
Bon festival à toutes et à tous.