Author: Festival Fifac

S’accepter pour être accepté

« Fabulous » est un film documentaire d’une durée de 46 minutes, réalisé par la guyanaise Audrey Jean-Baptiste, en 2018.

A travers le portrait de Lasseindra Ninja, qui fait son retour en Guyane après une longue absence, la réalisatrice nous fait découvrir la communauté noire LGBTQIA+ par le voguing fem. C’est une danse inventée dans les clubs souterrains de New-York dans les années 80, s’inspirant des défilés de mode. La musique plus particulièrement, nous plonge dans l’univers des danseurs LGBTQIA+. Chaque sujet, danse et LGBTQIA+ permet de découvrir l’autre réciproquement, dans un long métrage très dynamique. 

Derrière cela, comme pour le  film-documentaire « Tournés vers la Mecque » de Mariette Monpierre,  présenté aussi au festival, on retrouve un besoin pour chacun de recherche et d’acceptation de soi mais aussi par les autres. On repère dans ces deux productions un monde séparé de la société,  un monde qui existe mais auquel on ne prête pas attention.

Cependant ce film nous invite à changer les  mentalités pour évoluer. Cette réalisation est vraiment intéressante, car elle fait tombé les préjugés. Elle nous amène à découvrir, voir les autres sous un regard nouveau, avec respect et vitalité.

A NE PAS RATER !

Benjamin Antoinette

Léo Dalquier

Ryenzo Icare    

Touyawalé Therese

Croire jusqu'à la folie

« Douvan jou ka leve » veut dire littéralement « demain, le jour se lève » . Réalisé en 2017 ce film de 52 minutes a déjà été projeté dans différents festivals.

« Douvan jou ka leve » cherche à comprendre pourquoi la religion chrétienne s’exprime avec autant d’intensité au sein de la population haïtienne , et mène parfois jusqu’à la folie. La réalisatrice parle même de « maladie de l’âme ». Pour comprendre ce phénomène, elle s’appuie sur l’exemple de sa maman qui souffre de maladie mentale. Cette dernière considère que la folie quelle a eu quasiment pendant un mois est une punition du vaudou pour s’être convertie au protestantisme.

La réalisatrice fait rentrer sa caméra dans des églises, dans un asile et dans la maison où elle a grandi. On est surpris de constater que de nombreuses personnes ont des attitudes similaires proche de la folie (état second, perte de contrôle, paroles irrationnelles), les symptômes d’une même maladie. Nous avons trouvé certaines scènes saisissantes, en particulier celles qui montrent les transes dans les églises.

Par moments, le documentaire n’est pas forcément facile à comprendre. C’est peut-être pour mieux refléter la complexité de la situation. En revanche, sur le plan esthétique, le documentaire est bien réussi (au niveau du cadrage), ce qui permet de renforcer la dramatisation de certaines scènes notamment en asile et au niveau des défilés dans les rues. Ce qui était parfois touchant c’est que certaines personnes considèrent que les problèmes et catastrophe sont liées à des malédictions. 

Ce documentaire est singulier car il exprime le point de vue de la réalisatrice. Selon son hypothèse, cette forte religiosité serait un héritage de la colonisation et de l’esclavage. Nous recommandons ce film car il permet de mieux comprendre la place de la religion en Haïti.

Jennyfer Farias

Stéphanie Jarumajaré

Rylian Icaré

Pang-Doua Yang

Une mémoire à sauvegarder

« Unti les origines », un documentaire de 56 minutes, est le premier long métrage de Christophe Yanuwana Pierre sorti en 2018. Le réalisateur nous montre les coutumes ancestrales de la culture Kali ‘na  à travers son propre vécu, dans un film à la première personne. Son voyage vers le mont Talwakem, un lieu sacré, lui permet de partager son inquiétude sur la situation actuelle: l’orpaillage qui détruit les terres et les croyances, la disparition du chamanisme, de sa langue, du devenir de sa communauté elle-même.

Certains plans assez longs et silencieux, éveillent la curiosité des spectateurs et sont entièrement tournés en Kali ‘na, la voix off posée permet aux spectateurs de plonger dans son univers, celui de son peuple et de découvrir sa réalité.

Ce film apparaît comme un manifeste, en effet il est fait pour sensibiliser sur la disparition d’éléments de cet univers. Pour ne pas arriver à cette perte, la voie du documentaire permet de préserver, transmettre ses mémoires même s’il peut être difficile de filmer sa propre famille.

Ici, un documentaire amérindien réalisé par un amérindien.

Soutou Yana

Ly Christina

Pinas Ariel

Majokko Andréa

Une tragédie pas si antique que ça

« Le vertige de la chute (ressaca) » est un documentaire brésilien de 86 minuntes réalisé par Vincent Rimbaux et Patrizia Landi en 2018. Il montre la violence de la crise brésilienne actuelle à travers le prisme de l’opéra de Rio de Janeiro. Face à sa fermeture prochaine, les danseurs étoile, les musiciens de l’orchestre symphonique, les logeuses et les portiers ont décidé de se battre pour le maintenir en vie, même s’ils ne sont plus payés.

Dès les premières images, le film impose son style esthétique avec un récit original. Tourné en noir et blanc, en format cinémascope pour toucher la sensibilité des spectateurs, il est découpé en 5 actes, tout comme l’étaient les tragédies antiques.

A travers différents personnages, les réalisateurs établissent un contraste ingénieux : celui de l’art et du chaos. L’intensité de la musique lors du premier spectacle nous place directement dans la gravité de cette crise tragique. Ils nous font découvrir avec une vision artistique et poétique la manière dont les personnes résistent à la crise. Les musiques accordées tout le long du film nous permettent de nous identifier à ces personnages.

C’est un film touchant, rempli d’émotion et de métaphores. Nous vous le recommandons fortement pour son sujet particulièrement parlant à notre époque.

Tous les jours, découvrez la newsletter du FIFAC. Pour la troisième journée, le portrait d’Éric Scherer, Directeur de l’Information et de la Prospective du groupe France Télévisions​, le programme de la journée et de demain et l’interview de Doc Seven, Youtubeur de renom Saint-Laurentais.

Téléchargez le PDF complet de notre newsletter en bas de la page et bonne lecture !

Edito

Nous n’en attendions pas moins. L’émulation du FIFAC a touché l’équipe des rédactions du «pôle média» mis en place pour le festival. Deux équipes : une, axée sur le contenu numérique avec 6 étudiants encadrés de quatre adultes formateurs. Prises de vues et montage font partie de leur quotidien. Une autre en version «papier» avec à son service 6 lycéennes et un lycéen encadrés par deux adultes formatrices. Préparation d’interviews, écriture journalistique sont aussi devenues leur quotidien.

L’énergie est le vecteur de cette aventure. A l’instar du FIFAC, nous sommes à l’écoute, nous transmettons et nous portons des paroles. Nous formons, nous tentons d’apprendre les uns des autres, nous nous apprivoisons. Nous vivons des moments riches de choix et d’arbitrage. Nous vivons au rythme du festival : intensément. Quel plaisir de nous découvrir tour à tour force de proposition. C’est une merveilleuse aventure humaine, à laquelle vous participez vous aussi, chaque jour, en lisant les pages de cette Newsletter. Nous sommes déjà mercredi, la moitié du festival, que cette quête de l’épanouissement continue de nous habiter.

MD

Le portrait du jour : Eric Scherer

Directeur de l’Information et de la Prospective du groupe France Télévisions, Éric Scherer est l’un de nos nombreux invités sur ce festival ici à Saint- Laurent du Maroni. Nous l’interrogeons aujourd’hui sur son rôle au sein du FIFAC ainsi que sur ses ambitions concernant la « Télévision de demain ».

FNL : Vous êtes le directeur de l’Information et de la Prospective du groupe France Télévisions, pouvez-vous, en quelques mots, nous résumer en quoi consiste ce poste ?

Mon travail, c’est de faire l’antibrouillard, c’est-à-dire essayer d’éclairer devant nous ce qui se passe dans le monde d’une télévision bouleversée par la Révolution Numérique. Après la musique et la presse, c’est désormais au tour de la télévision et de la radio d’être chahutées par ce progrès. Voilà ainsi la première partie de mon travail : anticiper, analyser et avertir de ce qui se passe dans ce monde d’audiovisuel récemment chamboulé. La deuxième partie de mon travail consiste à tester et expérimenter des formats différents pour de nouvelles expériences. Ces derniers reposent sur des éléments portant sur le sport, la culture, le fictif, le divertissement mais aussi sur les nouvelles technologies. Comme actif principal, nous avons l’information vérifiée, sourcée, analysée, décryptée, hiérarchisée dans un contexte où la désinformation, la propagande même, est en train d’envahir la totalité d’Internet. J’appartiens donc aujourd’hui à deux directions : celle de l’Information puisque le journalisme est toujours ma profession première ; et celle du Numérique. La « Télévision de Papa » est un concept consistant à attendre un programme à une heure fixe et se voir imposer les programmes suivants. On remarque qu’il existe un vocabulaire lié à ce dernier, qui repose sur le champ lexical du bagne : on parle alors de « chaînes » de télévision ainsi que de « grilles » de programmes. Vous voyez bien que ce n’est pas une référence à la liberté, contrairement au Numérique qui la permet. Il ne s’agit donc plus d’être soumis à un programme, mais de consommer à la demande. Ce format nous laisse la possibilité de créer une playlist de contenus vidéo qui plaisent dans tous les domaines possibles. Le choix vous revient ainsi.

FNL : Quel est votre rôle ici, au sein du FIFAC ?

Ma présence dans ce festival se justifie par deux choses : d’abord pour essayer de mieux comprendre, voire apprendre comment fonctionne la Guyane et plus précisément « Le

 

Fleuve ». Il est question de partager, d’échanger avec les professionnels de l’audiovisuel et du documentaire, afin qu’ils soient conscients des nouvelles tendances des citoyens. Je cherche également à analyser les défis de la télévision qui se dessinent sur ce territoire.

FNL : Quel est votre ressenti au sujet de la capacité des « autochtones » à refléter leur identité culturelle dans les médias ?

Après les séries, le documentaire, également nommé « L’âge d’Or », est le genre majeur de la télévision. Il bénéficie d’une multitude d’opportunités pour s’imposer et séduire le paysage de l’audiovisuel. La population de notre génération est moins enclin à lire les journaux, mais sont tout de même curieux de visionner des productions qui ont été méticuleusement analysées et développées sur un temps plus long. Les sujets sérieux de société, qu’ils soient historiques ou scientifiques, sont un genre qui a un énorme avenir devant lui. Ils dominent les plateformes telles que Netflix, Amazon Prime, Disney, Facebook ou encore Apple TV.

FNL : Vous êtes aujourd’hui encore journaliste, et avez donc sûrement beaucoup voyagé. En quoi cette expérience vous permet-elle d’avoir une vision d’ensemble sur la prospective de France Télévisions ?

J’ai beaucoup de chance d’avoir eu la possibilité de travailler à l’étranger, mais surtout au sein de l’AFP, l’un des principaux grossistes de l’Information. Cette expatriation dans les agences de presse à Tokyo, Washington et Londres, m’a permis de voir l’importance de la Révolution Numérique, d’acquérir à la fois une avance sur notre temps en Europe et surtout de réaliser l’influence qu’elle possède sur les domaines de la médecine, de l’éducation ou encore de la défense.

FNL : Quel serait, pour vous, l’idéal médiatique de demain ?

Mon utopie pour l’avenir médiatique serait d’offrir l’opportunité à nos spectateurs de participer à une proximité plus importante que celle d’avant. C’est un but que l’on arrive à atteindre à la radio, sur Internet, mais beaucoup moins à la télévision, et j’espère le voir se réaliser un jour.

Propos recueillis par LaurieAnne Antoine et Honorine Huvelle

L’engagement

Bruno Florentin, producteur dans la société Real Production est à Saint-Laurent du Maroni, pour le Fifac et les rencontres Doc Amazonie-Caraïbes mais aussi pour suivre de près son « poulain » le réalisateur Christophe Yanuwana Pierre.

Rencontre avec un homme de goût, sensible, qui nous dévoile ici une approche de son travail.

Comment définirais-tu la ligne éditoriale de ta structure de production ?

On essaie de placer l’homme au centre d’une société en plein mouvement. On fait des films qui vont traiter d’histoire, on aime l’histoire et parfois hélas, il faut la refléter. On s’aperçoit que des phénomènes fâcheux de notre histoire peuvent tout à fait se renouveler alors, il faut répéter les choses, on participe à l’Histoire. Autrement, on fait beaucoup de films sur l’environnement, là aussi il faut répéter les choses. Montrer les initiatives, pas seulement alarmer mais montrer. On parle aussi de société, des « hommes ». On fait aussi quelques films qui ont trait à l’art, des portraits d’artistes, sur le cirque, des musiciens, des chanteurs, des auteurs, on travaille actuellement avec un artiste de théâtre… C’est assez varié… C’est comme un coup de coeur. Moi au début, si j’ai fait des films, c’était pour parler, très naïvement sur les droits de l’homme, je pensais que chaque film pouvait changer les choses…

Je rebondis sur « chaque film pouvait changer les choses… » Ce matin tu évoquais le travail d’écriture et d’accompagnement. Et j’ai remarqué que tu apportes une attention très particulière à certains auteurs, comme Christophe Yanuwana Pierre, peut être y en a t-il d’autres ? Sur cette préparation, ce travail d’écriture, qu’est ce qui détermine que tu vas aider plutôt tel auteur qu’un autre dans son travail qui amène, comme tu le dis, à la liberté ?

Le travail d’écriture est effectivement fondamental, c’est ce qui prend le plus de temps, je crois. C’est ce qu’oublient souvent les chaines et les financeurs. Faire un enfant c’est 9 mois mais faire un film demande un long travail d’écriture. Pour bien développer le travail et aller jusqu’au bout. Ce n’est pas écrire un dossier, c’est déjà imaginer un futur film donc c’est peut être une contrainte au début, oui…mais quelle liberté après. A partir de là on peut faire des choix, on peut faire autre chose. Entre un dossier et un film il y a un pas car il y a plein de choses qui vont se faire et plein d’autres qui ne vont pas se faire. Il faut rester ouvert mais au moins cela permet d’avoir une ligne narrative, d’avoir un fil directeur et de savoir où on va. Et ces dossiers, souvent, quand on est en montage et que l’on a des blocages, moi je leur dit : « Je sais ce qui ne va pas dans votre film et en plus c’est vous qui l’avez écrit, revoyez le dossier » la plupart du temps, ça débloque le travail. C’est donc un document de travail qui permet d’avoir la liberté de bouger, de retrouver… c’est un guide.

« C’est un guide », c’est joli. Je me demande si toi aussi, finalement tu n’es pas un peu un guide, un accompagnateur ?

Comme je le disais tout à l’heure, c’est un peu ce pourquoi je me suis lancé naivement dans le documentaire, pour les droits de l’homme. Sur ce projet, comme j’ai rencontré Christophe Pierre, c’est une ouverture et je me suis dit peut être, enfin, j’allais commencer à faire un film sur les droits de l’homme, comme j’en rêvais depuis longtemps. J’ai été séduit par son charisme, je voyais des images dans ses paroles, des rêves, des émotions, et je me suis dit : « J’ai 61 ans, je ne vais peut être pas faire de films durant 10 ans mais celui là je veux le faire. Il faut aller jusqu’au bout de ce film*.

Pour conclure, quel est ton regard et ton attente par rapport au FIFAC ?

J’avoue que j’étais là l’an dernier lorsque la décision s’est prise. Encore « une vision », un rêve aussi. Quand Didier Urbain a fait cette proposition auprès des personnes de France Télévisions et que Wallace Koltra a donné son assentiment, Je me suis dit : « À Saint-Laurent du Maroni, comment vont-il faire ? C’était un sacré challenge et quand j’ai reçu le programme, quand je vois au quotidien, ce qui se passe ici, c’est juste génial !

Et puis, c’est surtout intelligent. J’ai bien aimé le discours d’ouverture de Patrick Chamoiseau sur cette expression : « Nous incitons les Caribéens à s’émanciper, juste à s’émanciper, c’est un pays mais émancipons-nous, on a notre culture ». Alors je trouve que ce festival est en parfaite adéquation avec ce discours ou ce discours est en parfaite adéquation avec ce festival. Dans tous les cas l’un va bien avec l’autre.

Propos recueillis par Marianne Doullay.

« Si tu as quelque chose à raconter, il y aura des gens pour t’écouter »

William Van de Walle, dit Doc Seven, né le 31 mai 1991 à Saint Laurent du Maroni en Guyane, est un réalisateur, scénariste puis vidéaste éducatif franco-belge sur la plateforme de vidéos YouTube où il a plus de 1.9 million d’abonnés.

FNL : En quelques mots, pouvez-vous nous raconter votre parcours ?

D.S : Je suis né à Saint Laurent du Maroni, j’y suis resté jusqu’à mon année de première au lycée, j’ai fait ma terminale en Australie, j’avais 15 ans. Ensuite après un peu de biologie, j’ai fait 5 ans de cinéma à Paris. Puis des stages sur des films et séries car à la base je voulais être réalisateur sauf que c’est trop « chiant » sur le plateau. J’ai rencontré quelqu’un qui possédait une chaine YouTube et je me suis dit que j’allais tester et puis ça a marché. Je me suis lancé sur YouTube le 21 janvier 2015 et ça a explosé.

FNL : A qui sont adressées vos vidéos et pourquoi ?

D.S : A tout le monde, l’écrasante majorité de mon audience représente 70% de personnes âgés de 18 à 35 ans. Et les moins de 18 ans représentent 15%. Ce n’est pas pour apprendre des choses, c’est pour montrer que l’on peut être curieux sur plein de sujets, pour donner envie de s’intéresser à n’importe quoi. Donc peu importe l’âge ça peut fonctionner pour n’importe qui.

FNL : que pensez-vous du FIFAC à Saint-Laurent du Maroni ?

D.S :C’est trop bien, le FIFAC à Saint- Laurent c’est le meilleur endroit pour ça en Guyane, ça c’est sûr ! Et je pense que c’est surtout très cool pour les jeunes parce que ça peut les motiver un petit peu. Je pense que ça va les inciter à créer des choses. Maintenant on a les téléphones c’est une révolution, si tu as quelque chose à dire tu prends ton téléphone et tu le dis. Donc le FIFAC à Saint-Laurent il faut que ça engage les jeunes à mettre leur vision sur le monde et dire ce qu’ils ont à dire, il y a tellement de thèmes à faire ici.

Manaée Pancrate-Brunel

Pricella Pinas

Les Outre-Mer à France Télévisions

Grande première hier à Saint-Laurent du Maroni, le Fifac réunissait les producteurs et opérateurs d’Outre-Mer avec leurs principaux interlocuteurs de France Télévisions. La perspective de la disparition en août 2020 de France Ô, chaîne dédiée, impose une nouvelle organisation des programmes de la télévision publique. Dorénavant, les chaînes publiques ont pour mission de rendre plus “visibles” les territoires et communautés d’Outre-Mer dans leur offre généraliste. Pour ce faire, un changement de regard sur la production ultramarine apparaît nécessaire : moins de condescendance, un meilleur accompagnement des projets…

Originaire de Nouvelle-Calédonie, Walles Kotra, le directeur du Pôle Outre-Mer-France Hexagonale de France Télévisions, veut croire en la stratégie définie dans le “Pacte pour la visibilité des Outre-Mer”. Un pacte en trois volets : inciter les chaînes publiques à un “réflexe outre-mer” ; leur proposer des programmes dédiés et financés ; renforcer le soutien à la production des chaînes du réseau ultramarin des Premières. Certes, les intentions affichées doivent favoriser la production ultramarine, mais la disparition d’un système de relations établi avec l’ancien diffuseur France Ô, fait apparaître des zones de flou.

Le chantier de la réorganisation en cours laisse sans réponse certaines questions soulevées par les représentantes du Syndicat de la production audiovisuelle et cinématographique des Outre-Mer (Spacom). Quid de la plateforme numérique, qui doit être mise en place début 2020 ? Comment seront répartis les 10 millions d’Euros consacrés au co-financement entre les Premières et les chaînes nationales ? Quand Walles Kotra parle d’une “phase de lissage”, Laurent Corteel, directeur des contenus, évoque la nouvelle unité de programme chargée des Outre-Mer. Mais Catherine Alvaresse et Béatrice Nivois, respectivement directrices de l’unité documentaire, et des documentaires & magazines, incitent vivement les producteurs présents à soumettre des projets qui racontent des histoires avec un oeil nouveau, une écriture nouvelle, basés du point de vue des Outre-Mer.

François Bensignor

L’islam, un combat dans les Antilles

« Tournés vers la Mecque » est un documentaire de 52mn réalisé par Mariette Monpierre en 2019. Ce film traite d’un sujet relativement méconnu, à savoir la vie de femmes et d’hommes antillais convertis à l’islam.

Ce documentaire témoigne en particulier de leur isolement. Un long métrage lent par son traitement du sujet qui montre la lourdeur de porter cette religion face aux préjugés et à la difficulté de la pratiquer : la réalisatrice suit plusieurs personnes dans leur quotidien.

On y voit des femmes qui ont peu de lien avec les gens qui ne pratiquent pas l’islam.

Des scènes vont parfois jusqu’à nous choquer : une cliente qui prend rendez-vous le décline car la coiffeuse porte un voile.

Mais, malgré tout, les femmes continuent à porter ce voile, qui fait partie de leurs pratiques. Pour certaines, ces pratiques sont un moyen de s’évader, de s’apaiser et non pas de s’enfermer.

Nous avons aimé la façon dont les protagonistes assument avec force et fierté, leurs convictions, leurs identités et leurs choix de vie.

La religion est un sujet parfois difficile à aborder. Le film porte tout de même un beau message de tolérance et de paix.

Jennyfer Farias

Rylian Elina

Stéphanie Jarumajaré

Pang-Doua Yang

Le pouvoir du peuple par le peuple pour le peuple

“El pais roto” est un film de 69mn réalisé par Melissa Silva Franco au Venezuela en 2018. C’est un documentaire qui nous montre la crise politique que traverse actuellement le Venezuela.

Dans un pays fracturé, c’est à travers le regard du peuple que la réalisatrice choisit de nous plonger en pleine lutte sociale, en donnant la parole à tous les camps. Ce film nous immerge dans un combat dont on se sent vite acteur nous aussi, grâce à un choix de plans judicieux.

L’histoire du film est facile a comprendre cependant celle du Venezuela est très complexe et rend le film difficile à saisir dans sa globalité. Un film très rythmé avec beaucoup de dialogue et donc beaucoup de sous-titres qui défilent rapidement, ce qui le rend difficile d’approche si vous n’êtes pas hispanophone. Ceci dit, la bande son est bien travaillée et appuie le propos du film.

C’est un film pour montrer et dénoncer la violence, la corruption, la détresse et la brutalité que peut subir le peuple écrasé par le poids souvent trop lourd de la politique.

El Païs Roto, est un film de lutte et de résistance pour la liberté.

Da Conceicao Leonice

Nogueira Thalyssia

Koese Brigitte

Kastiel léosa

Kwadjanie Mercrine

Les douleurs passées toujours présentes

« Scolopendres et Papillons » est un film documentaire de 52 minutes réalisé par Laure Martin Hernandez, en co-réalisation avec Vianney Sotès. Il a été tourné en Martinique en 2019. 

Ce documentaire traite d’un sujet douloureux, l’inceste, à travers le portrait de trois femmes ayant été victimes d’attouchements durant leur enfance. Ces femmes courageuses, parlent avec émotion et sans fard, de leur traumatisme passé. Aujourd’hui, chacune essaie à sa manière de se reconstruire. Fabienne, la première, a créé une association d’écoute et d’aide aux victimes. Par ses mots et son vécu, elle réconforte et soutient des personnes qui ne peuvent plus se taire. La seconde, Agnès, se sert du théâtre pour exprimer sa douleur. Elle écrit elle-même ses propres pièces puis les présente au public. Quant à la dernière, Daniely, elle ne parvient pas à véritablement surmonter son passé. Elle utilise l’art, et plus précisément les insectes pour parler d’inceste. D’ailleurs, on peut remarquer que deux des lettres du mot insecte peuvent être échangées pour former le mot inceste. Le titre du documentaire est d’ailleurs inspiré de ses travaux artistiques. Les sentiments et les émotions de ces jeunes femmes sont exprimés à l’écran grâce à un gros travail de réflexion sur le cadrage (gros plans en fond noir). C’est un aspect que nous avons beaucoup apprécié. Le moment fort du film est évidemment la représentation théâtrale de Agnès : elle met en scène son histoire qui a été longtemps secrète, elle la raconte sans tabou au public. Il s’agit donc d’une réalisation qui nous a, dans l’ensemble, plu par sa structure narrative qui nous met directement dans la peau des victimes, et nous oblige à nous questionner quant à l’aide à leur fournir ou le regard neuf et bienveillant à leur porter. 

C’est un film à recommander, parce qu’il sensibilise et ouvre les yeux sur un sujet éminemment lourd, grave, peu ou pas médiatisé, souvent gardé secret dans des familles, et encore présent dans notre société contemporaine.  

C’est en 2018 que Vincent Rimbaux et Patricia Landi réalise « Le Vertige de la Chute » qui se déroule chez nos voisins : le Brésil. Le documentaire relate dans sa totalité de l’effondrement du Brésil et des multiples conséquences sur ses habitants. En l’espace de 86 minutes, et au travers de différents personnages, Rimbaux et Landi mettent en place un contraste ingénieux, celui de l’art et du chaos. À la même vitesse que le pays, l’Opéra de Rio est menacée de s’écrouler. Cependant, considéré comme un trésor national, danseurs, musiciens, logeuses, portiers rentrent en résistance afin de défendre cet héritage qui les réunit plus aujourd’hui que jamais. 

Cette histoire émeut autant qu’elle ne divertit et cela on le doit à l’emplacement de la musique, correspondant toujours aux plans qui l’accompagnent, au filtre noir et blanc qui accentue l’état de désordre qui règne continuellement et rend la vie qui d’habitude est de nature douce, amère. Et enfin, le succès de ce document est sans hésiter la scène de danse interprétée par les résistants du Théâtre dans la rue, qui, avec la passion de toute une vie, diffuse un peu de pureté dans un monde accablé. 

Ce film est, sans hésiter, à découvrir. La réalisation est agréable à l’oeil , le sujet est d’actualité et concerne plus d’un et pour finir, ce dernier nous passe un message poignant : peu importe le mal être dans lequel notre monde se trouve, l’art ne meurt jamais. 

« Le rap pour la liberté »

 Modelo Estereo est un film documentaire de 54 minutes réalisé par le collectif Mario Grande tournée en 2018 en Colombie

Véritable microcosme où tout  ici est question d’argent, du matelas à la nourriture. La prison de Bogota est une prison atypique. On découvre une véritable ville où les prisonniers jardinent, animent une radio sous les bannières de vêtements à sécher. On va suivre Garo et un ensemble de prisonniers qui vont sous l’impulsion d’un gardien  s’évader du milieu carcérale et de la violence par le biais de la musique, de la danse et du chant. Avec son ami My Friend il va mettre en musique son parcours, son vécu de détenu et poursuivre cette nouvelle passion à l’extérieur tant bien que mal. Des moments de tristesse mais qui n’entrave en  rien la volonté de s’en sortir. Percutant, on ne peut rester indifférent à cette réalité. Dans ce film on est en immersion,on parle de cinéma direct, nous vivons  le quotidien des prisonniers sans filtre. Nous sommes placés au milieu du quotidien de la prison, la caméra est un « détenu ».  A la fois dynamique et entrainante, la musique participe à la construction narrative et à l’ambiance du documentaire. Nous vous invitons fortement à regarder ce film documentaire.

 

Marie-Paule Plepst

Gretchen  Fraser

Pablo Claire

Willhem Lefort

Previous Next
Close
Test Caption
Test Description goes like this
favicon-fifac

ABONNEMENT À NOTRE NEWSLETTER

Pour rester informé de l'actualité du FIFAC,
merci de remplir le formulaire ci dessous :