Non, je n’ai pas trouvé l’eldorado
HAÏTI
Sephora MONTEAU
• ETAPE
En développement
• RECHERCHE QUOI ?
Des producteurs
RÉSUMÉ
Je n’avais que 11 ans lorsque s’est posé la question de savoir laquelle entre ma mère et ma tante partirait en France chercher « une vie meilleure » pour la famille. Je me rappelle avoir très bien mesuré l’enjeu. À mon grand « soulagement », c’est ma tante Mèdelia qui a fait le sacrifice de partir, laissant ses trois enfants derrière elle, Patrickson, Christella et Medlyne.
Au-delà de sa condition illégale en France, ma tante mène une vie extrêmement précaire. Et la violence de son parcours a été décuplée lors du tremblement de terre de 2010 quand, à 10.000 kilomètres de son pays, elle apprit l’amputation d’un bras de sa fille Christella et le décès de son autre fille Medlyne sans qu’elle puisse être à leurs côtés. Des années plus tard, lorsque je revis ma tante en France, il était impossible de ne pas raviver ce souvenir, ma simple présence rappelait Medlyne qui avait mon âge. Quelques années plus tard, le 2 mai 2021, Patrickson devenu un militant politique meurt assassiné à Port-au-Prince. Encore une fois Mèdelia ne put assister aux funérailles de son fils.
Qu’aurait fait ma mère si elle était partie à sa place ? Que serait devenue Medlyne ? Ces questions m’apparaissent comme un miroir, d’autant plus fort aujourd’hui que je pense peut-être quitter Haïti, vivre loin de ma fille. Dix-sept années se sont écoulées depuis le départ de ma tante en France et l’écartèlement qui marque ma génération semble être le même.